Pour sa troisième réunion avec les chasseurs, le président de la République a confirmé la réduction de moitié du prix du permis national de chasser et l’instauration d’une nouvelle « gestion adaptative » des espèces chassables. Des cadeaux qui ont précipité le départ surprise de Nicolas Hulot du Ministère de la Transition écologique et solidaire (28/08/2018). À l’instar des associations de protection animale et de préservation de la biodiversité, la Fondation 30 Millions d’Amis fustige cet entre-soi, entre le pouvoir et les chasseurs.
Les chasseurs ont-ils les clés de l’Élysée ? Ils y sont en tout cas les bienvenus... à défaut d’y être à demeure ! A l’occasion d’une réunion sur la réforme de la chasse - où se retrouvaient, pour la 3ème fois en à peine un an de mandature, le chef de l’État et les chasseurs hors présence de tout représentant des associations de protection des animaux et de la nature - Emmanuel Macron a pris soin de ravir ses interlocuteurs en leur accordant une division par deux du tarif du permis national de chasser ainsi qu’une nouvelle « gestion adaptative » des espèces chassables (27/08/2018).
Hulot claque la porte, son successeur tout désigné ?
Est-ce le fond, la forme, ou les deux qui ont fait déborder le vase ? Toujours est-il qu’au lendemain de cette petite réunion « entre amis » à laquelle il participait, le ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, a claqué la porte de son ministère en signant un terrible aveu d’échec : « Est-ce que nous avons commencé à réduire l'utilisation de pesticides ? La réponse est non. Est-ce que nous avons commencé à enrayer l'érosion de la biodiversité ? La réponse est non. Est-ce que nous avons commencé à nous mettre en situation d'arrêter l'artificialisation des sols ? La réponse est non. » C'est même tout le contraire quand on voit que les revendications des lobbyistes sont si facilement acceptées par le président de la république.
« J’espère que l’ultime cadeau de ce gouvernement aux chasseurs ne sera pas de nommer à la place de Nicolas Hulot, Thierry Coste [lobbyiste en chef des chasseurs et conseiller officieux d'Emmanuel Macron, ndlr], qui a d’ores et déjà ses entrées privilégiées à l’Elysée, tance Reha Hutin, Présidente de la Fondation 30 Millions d’Amis. C’est une boutade mais nous ne sommes pas loin de la vérité tant les chasseurs tentent par leur communication de faire croire qu’ils sont les garants de la biodiversité, des amoureux de l’environnement et les premiers écologistes de France (sic) ».
En effet, la dernière campagne de communication de la Fédération nationale de la chasse, lancée - hasard du calendrier (ou pas !) - ce 28 août 2018, pose la question : « Les chasseurs, premiers écologistes de France ? ». Plus c’est gros, plus ça passe... La présence du proche conseiller d’Emmanuel Macron à la réunion du 27 août semble d’ailleurs avoir été le facteur déterminant à la démission du ministre : « J’ai découvert la présence d’un lobbyiste qui n’était pas invité à cette réunion, s’est étranglé Nicolas Hulot. Cela va paraître anecdotique mais pour moi, c’était symptomatique. Et c’est probablement un élément qui a achevé de me convaincre que ça ne fonctionne pas comme ça devrait fonctionner. »
Quand les chasseurs rient, la biodiversité pleure
L’abaissement du prix du permis national de chasser, de 400 à 200 euros, confirmé par E. Macron, est un véritable coup de semonce pour la nature. Pour rappel, ce permis permettant de chasser sur tout le territoire, a contrario du permis départemental, est possédé par 10% des 1,2 millions de pratiquants en France.
Autre terrible coup dur porté à la biodiversité : la nouvelle « gestion adaptative » des espèces chassables ». Elle permettra en premier lieu aux chasseurs de s’en prendre à six espèces dont les oies cendrées, les grands tétras ou encore les tourterelles des bois d’ici la fin de l’année. En outre, un conseil scientifique décidera des quotas à fixer pour chaque espèce. Cela ouvre ainsi la possibilité de voir dans le viseur des chasseurs des espèces protégées. « En France, on chasse 64 espèces d’oiseaux différentes alors que dans le reste de l’Europe, c’est 14 espèces en moyenne, s’insurge Allain Bougrain-Dubourg. Et il y a 20 espèces qui sont sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature tellement elles sont agonisantes. » Pour le président de la Ligue protectrice des oiseaux, cette extension annoncée représente « du clientélisme pathétique. C'est inacceptable qu'on puisse continuer à tirer sur des oiseaux qui sont à l'agonie ».
Les élections européennes en ligne de mire
Pourtant, ces décisions favorables aux chasseurs viennent à l’encontre d’une volonté de plus en plus criante des Français de changer de mentalité sur le sujet. Ces derniers se déclarent à 81% pour l’interdiction de la chasse le dimanche (+27 points par rapport à 2009), selon un sondage de la Fondation 30 Millions d’Amis de février 2018. Mais si Emmanuel Macron multiplie les efforts pour courtiser les chasseurs, c’est en raisons des élections Européennes qui se profilent le 26 mai 2019. Des chasseurs-électeurs répartis sur l’ensemble du territoire, une manne électorale à grande majorité rurale sur laquelle le président de la République entend bien s’appuyer.
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