Des mesures pour lutter contre le trafic d'animaux de compagnie seront prochainement discutées devant la Commission européenne. /© Pixabay - Timur85
Alors que la Commission européenne va proposer des mesures pour lutter contre le commerce illégal d’animaux de compagnie, la Grande-Bretagne a annoncé son intention d’interdire la vente de chiots et de chatons ailleurs que dans les élevages professionnels et les refuges. Outre-Rhin, un site allemand de petites annonces en ligne a définitivement mis un terme à la vente et à l’achat d’animaux via sa plateforme. La Fondation 30 Millions d’Amis espère que de telles mesures seront rapidement prises en France.
Le trafic d’animaux de compagnie gangrène l’Europe depuis des années. Avec l’essor des annonces en ligne et des réseaux sociaux, ce problème a littéralement explosé au grand dam des associations de protection animale. 2018 semble néanmoins être l’année de la prise de conscience, de ce fléau. Si cette prise de conscience est bien tardive et si beaucoup reste encore à faire, des progrès se font toutefois sentir au-delà des paroles.
Nous appelons à un nouveau plan d’action européen. Pavel Poc, député européen et rapporteur de la résolution
Des lignes directrices concernant l’élevage d’animaux de compagnie, un registre européen d’éleveurs et de revendeurs d’animaux de compagnie autorisés, un durcissement des sanctions contre les opérateurs économiques, les vétérinaires et les services publics délivrant les faux passeports pour des animaux de compagnie… La commission européenne de la santé publique a proposé un véritable arsenal législatif pour rattraper son retard face aux trafiquants qui agissent en son sein. « Le trafic d’animaux est l’une des activités criminelles les plus prolifiques, regrette Pavel Poc, membre du Parti social-démocrate tchèque et rapporteur de la résolution. C’est le troisième trafic au monde d’après Interpol. Les animaux sont élevés et traités dans des conditions inacceptables. La résolution que j’ai commandé avec mes collègues appelle à démarrer avec un nouveau plan d’action européen d’identification et d’enregistrement des animaux de compagnie. Une meilleure coopération entre les pays européens est essentielle avec des bases de données plus compatibles. Nous espérons que ce problème puisse être davantage en lumière grâce à notre future discussion. » La résolution devrait être discutée et votée lors de la séance plénière à Strasbourg, le 10 septembre.
C’est l’une des plus grosses épines dans le dossier du commerce illégal d’animaux de compagnie. Les annonces de vente en ligne sur des sites tels Le Bon Coin ou sur les réseaux sociaux sont légion même si l’encadrement législatif, obtenu en octobre 2015 grâce aux efforts de longue date de la Fondation 30 Millions d’Amis, a permis une baisse des transactions. « Les annonces en ligne et sur les réseaux sociaux restent le moyen le plus utilisé pour acquérir un animal (ndlr : 57%), explique Pavel Poc. D’après l’ONG Animal Eye, en 2018, pas moins de 338 000 annonces sont publiées chaque jour pour des chiens et des chats. Une plus forte régulation est nécessaire tout comme l’obligation de fixer des normes minimales pour les sites. Ce sera le sujet principal de notre discussion.»
Récemment, le site allemand de ventes en ligne Locanto, qui officie aussi en France, a montré l’exemple en fermant toutes ses catégories de vente et d’achat d’animaux sur son site internet et en appelant ouvertement à faire appel à des organismes de protection animale pour adopter en toute sécurité. « Le commerce illégal d’animaux de compagnie est malheureusement florissant en ligne, regrette Aurore Brüggemann, porte-parole du site. Après avoir entendu les commentaires de nos utilisateurs, nous sommes arrivés à la conclusion suivante : seule la fermeture de ces catégories permettrait d’exclure Locanto de telles pratiques. Nous pensons que le sujet du bien-être animal ne doit pas être pris à la légère. Lorsque la détermination est là, il est possible de prendre des mesures drastiques contre le commerce d’animaux sur une plate-forme de petites annonces. » Si seulement Le Bon Coin et consorts pouvaient s’en inspirer, le bien-être animal en sortirait gagnant ; la Fondation 30 Millions d’Amis milite en ce sens depuis déjà de nombreuses années.
Outre-Manche, on a également décidé de passer à la vitesse supérieure. Le ministre de l’Environnement, Michael Gove, a lancé une consultation publique qui prendra fin le 19 septembre 2018 sur un projet de loi visant à lutter contre les « conditions épouvantables » vécues par les chiots et chatons destinés à la vente (22/08/2018). Ainsi, la vente d’animaux de moins de 6 mois par des tierces parties, autres que les éleveurs et les refuges, pourrait être interdite. Le commerce illégal et les animaleries sont dans le viseur de ce projet. « Une interdiction sur les tierces-parties permettront à nos animaux d’avoir le droit de bien commencer leur vie, a souligné le ministre dans les colonnes du Guardian. Les personnes qui n’ont aucun respect pour le bien-être des animaux de compagnie ne seront plus habilitées à profiter d’eux via ce commerce misérable. »
Satisfaits du virage pris par le gouvernement britannique ! Caroline Kisko, secrétaire du Kennel Club.
De même, le gouvernement britannique a mis en place l’interdiction de vente d’un chien, un chat, un furet ou un lapin avant l’âge de 8 semaines à partir du 1eroctobre 2018. Des décisions qui ravissent les associations de protection animale. « Nous sommes satisfaits du virage pris par le gouvernement britannique, se félicite Caroline Kisko, secrétaire du Kennel Club, l’une des associations majeures outre-Manche. Quand cette politique sera officialisée, cela stoppera la souffrance de tant de chiens. Et cela enverra un message fort aux acheteurs. Cette loi permettra également d’obliger les chiots d’être dans un environnement qu’ils connaissent et surtout être en compagnie de leur mère. »
En février 2017, la ville américaine de San Francisco avait déjà voté l’interdiction de vendre des chats et des chiens de moins de 8 semaines s’ils ne sont pas issus de refuges ou d’organismes de protection. Avant elle, d’autres villes comme Los Angeles ou Chicago ont déjà pris de telles dispositions.
En France, durant l’été 2018 de très nombreux messages postés sur les réseaux sociaux dénonçaient les conditions indignes de détention de chiots et de chatons, rendus complètement amorphes par les fortes températures dans des animaleries surchauffées !
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