Battues et saignées, les juments des fermes à sang vivent un véritable calvaire. © Animal Welfare Foundation
Des images terrifiantes de milliers de juments saignées et avortées en Argentine et en Uruguay font scandale. Ces maltraitances ont pour but d’extraire une hormone de leur sang afin de les vendre aux laboratoires, y compris en France. Elle permettrait en effet aux élevages français et européens de mieux programmer les naissances et d’améliorer la rentabilité.
Parquées dans des box, frappées à coups de bâtons, saignées… Des milliers de juments vivent un impitoyable calvaire dans des fermes disséminées en Argentine et en Uruguay. Ce sont des images prises entre janvier et avril 2018 par les associations Tierschutzbund-Zürich (TSB) et Animal Welfare Foundation (AWF) ainsi qu’un rapport de Welfarm, partenaire de la Fondation 30 Millions d’Amis, qui révèlent le scandale. Les équidés y font l’objet d’un odieux commerce : leur sang. Pour cela, les juments gestantes subissent un cycle infernal de prélèvements sanguins occasionnant des plaies profondes pendant deux mois de demi, deux fois par an ; elles sont ensuite avortées, à nouveau remises à la saillie et saignées. Ce processus morbide se termine dans la totalité des cas à l’abattoir, une fois les juments totalement épuisées.
Une enquête réalisée par les associations TSB et AWF montrent les terribles conditions des juments élevées pour leur sang.
Si les fermes de Las Marquesas, Syntex ou Biomega extraient le sang des juments, c’est pour ce qu’il contient en son sein : une hormone du nom de gonadotrophine chorionique équine, plus communément appelée eCG. Cette hormone est extrêmement prisée par les laboratoires pharmaceutiques. Parmi eux le Français CEVA, l’Américain MSD et l’Espagnol HIPRA. « L’eCG permet aux éleveurs de moutons, de chèvres ou de porcs de faire ovuler les femelles sur commande, révèle Adeline Colonat, porte-parole de Welfarm. Ils vont ainsi pouvoir garantir une production laitière toute l’année et synchroniser les chaleurs des femelles. » Autrement dit, les juments sont saignées… pour favoriser la rentabilité des élevages ! D’après les informations de Welfarm, au moins 10 000 juments sont concernées par ces prélèvements sanguins en masse.
L’ONG demande expressément l’arrêt des importations de l’eCG ; d’autant plus que l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) travaille sur une alternative crédible et synthétique permettant d’épargner les juments. « La molécule de synthèse aurait des effets proches de l’eCG, informe Adeline Colonat. Les premiers résultats sont positifs. Mais cela ne pourra continuer à exister sans un financement des laboratoires… » Face à l’ampleur de la polémique, le laboratoire CEVA – premier laboratoire vétérinaire français – vient d’annoncer mi-juillet 2018 la création d’une enquête pour vérifier les conditions dans lesquelles évoluent ces pauvres juments. Pour rappel, les médias avaient révélé cette affaire... dès l'automne 2017 !
Pour contribuer à l’arrêt de ce calvaire cruel, une pétition de Welfarm est en ligne.
Commenter
Vous souhaitez déposer un commentaire dans cette liste de discussion ? Pour ce faire, il faut vous créer un compte. La création de compte est GRATUITE : Créez votre compte ou bien identifiez vous.
23 commentaires