Audon (France), 9 nov 2015 (AFP) - Des membres de la Ligue de protection des oiseaux (LPO), qui menaient lundi matin une opération contre le braconnage des pinsons, une espèce protégée, ont été agressés à coups de pelle par des riverains à Audon (Landes), nécessitant l'intervention de la gendarmerie, a constaté l'AFP.
Des journalistes qui accompagnaient les militants de la LPO, dont son président Allain Bougrain-Dubourg, ont également été pris à partie. Les images de cette altercation impliquant un riverain en slip et t-shirt brandissant une pelle ont connu un succès spectaculaire sur les réseaux sociaux, tant en France qu'à l'étranger, avec l'apparition du hashtag #slipgate. Une demi-douzaine de militants de la LPO suivis par autant de journalistes avaient pénétré dans un champ de maïs à Audon -à 30 km de Mont-de-Marsan- où ils avaient repéré des pièges à oiseaux, appelés "matoles" dans le Sud-Ouest.
Alors qu'ils commençaient à les détruire, un riverain est sorti de chez lui une pelle au poing, insultant militants et journalistes et frappant certains d'entre eux avec l'outil, a
constaté un photographe de l'AFP. "Quand on a voulu retirer les matoles, des gens sont sortis dans une grande violence, nous avons pris trois ou quatre coups de pelle, on est quatre ou cinq dans ce cas", a déclaré à l'AFP M. Bougrain-Dubourg.
Un second riverain est aussi sorti en brandissant un outil agricole pour menacer écologistes et journalistes, tentant d'arracher appareils photo et caméra. Les pneus des véhicules de certains écologistes et journalistes ont aussi été crevés. L'altercation a duré une quinzaine de minutes, jusqu'à l'arrivée des gendarmes qui ont restitué à un journaliste une caméra dérobée par un agresseur. La LPO lance régulièrement à l'automne des actions dans les Landes contre le braconnage des pinsons, protégés depuis 1976, mais traditionnellement consommés par certains chasseurs.- Plaintes contre plaintes -Plus tôt lundi matin, les membres de la LPO avaient détruit des matoles dans un autre champ, libérant des pinsons, a souligné M. Bougrain-Dubourg.
Autour des pièges, "nous avons découvert des dizaines de cadavres de chardonnerets" que les chasseurs écrasent pour s'en débarrasser car ils ne les intéressent pas, a-t-il affirmé. Dénonçant une "impunité", il s'est dit "sidéré que le ministère de l'Ecologie ne bouge pas alors qu'il sait très bien que ça existe". Le président de la LPO veut porter plainte pour l'agression et la dégradation de véhicules, ainsi que pour destruction d'espèce protégée. Le riverain ayant porté des coups de pelle a, quant à lui, indiqué vouloir porter plainte pour violation de propriété privée. Des plaintes vont également être déposées par deux riverains pour des coups reçus dans la bousculade, dont une femme de 86 ans, qui ont produit des certificats médicaux, selon Me Frédéric Dutin, avocat de l'association départementale des chasses traditionnelles à la matole (ADCTM).
Le Syndicat national des journalistes (SNJ) a de son côté condamné ces violences contre les journalistes, "entravés dans l'exercice de leur métier", de France 3 Aquitaine et France 2 Bordeaux. Ces derniers ont déposé plainte notamment pour "violences et menaces", selon le SNJ. Le président de l'ADCTM, Jean-Jacques Lagüe, a dénoncé des "provocations récurrentes de la LPO". Il a affirmé que les pièges détruits à Audon "ne visaient pas des pinsons mais les alouettes, une chasse autorisée" et que deux pneus de sa voiture avaient été crevés dans la nuit. "S'il y a une infraction, on dépose plainte, il y a procédure et éventuelle sanction", a déclaré Me Dutin. "Mais à quoi joue la LPO? Il se prennent à la fois pour des enquêteurs, policiers, procureurs, et même huissiers, puisqu'ils exécutent une +sanction+ en détruisant les pièges. Ils sont dans la provocation et l'image."
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