Addis Abeba, 20 mars 2015 (AFP) - L'Ethiopie a brûlé vendredi la totalité de son stock d'ivoire, soit six tonnes, lors d'une cérémonie officielle dans un parc près d'Addis Abeba, une première dans ce pays d'Afrique, a constaté un journaliste de l'AFP.
La population d'éléphants est en rapide déclin en Ethiopie, qui s'est récemment joint à la lutte internationale contre le trafic d'ivoire. Ce stock, accumulé depuis une vingtaine d'années, était constitué de défenses d'éléphants abattus illégalement en Ethiopie et d'articles en ivoire saisis à l'aéroport d'Addis Abeba. L'ivoire incinéré représente quelque 12 millions de dollars sur le marché noir. "
Nous tentons de sauver les éléphants de l'extinction. Ce brasier est en la preuve", a déclaré Dawud Mume Ali, directeur de l'Autorité éthiopienne de conservation de la vie sauvage, promettant
"une tolérance zéro vis-à-vis du braconnage et du trafic illégal" d'ivoire.
La population d'éléphants en Ethiopie s'est effondrée sous l'effet conjugué du braconnage et de la réduction de leur habitant. Il ne reste pas plus de 1.800 éléphants en Ethiopie, selon les estimations les plus récentes et les plus optimistes. "
Depuis les années 1980, 90 % des éléphants en Ethiopie ont disparu", selon Zeleke Tigade, de la Fondation African Wildlife, "
les autorités essaient de diminuer au maximum le braconnage, mais beaucoup reste à faire".
Au milieu des flammes, des statuettes sculptées en forme de Bouddha témoignent du fait que cet ivoire était principalement destiné au marché asiatique. Avec de nombreux vols directs vers l'Asie depuis Addis-Abeba, l'Ethiopie est un important relais du trafic d'ivoire dans la région. Le pays s'était engagé à détruire son stock en signant l'Initiative de protection des éléphants lors de la conférence de Londres en février 2014. "
De plus en plus de pays reconnaissent qu'être assis sur un stock d'ivoire, ce n'est pas être assis sur Fort Knox. Nous voulons que l'ivoire n'ait plus de valeur", a souligné Ian Craig, de l'association Stop Ivory. "
Les éléphants doivent avoir de la valeur vivants, en contribuant aux économies nationales, pas à travers le commerce de leur ivoire", a-t-il poursuivi. Cet ivoire "
n'est qu'un morceau de cadavre. Ce n'est pas un objet d'art. On peut s'en passer et il faut stopper ce commerce si nous voulons que l'Afrique conserve ses éléphants", a-t-il estimé.
L'ONU et divers ONG estiment qu'entre 20 et 30.000 éléphants sont massacrés chaque année sur le continent, générant un trafic d'environ 188 millions de dollars. Il y avait 20 millions d'éléphants en Afrique au début du XXe siècle, 1,2 million en 1980 et autour de 500.000 actuellement, bien que le commerce d'ivoire ait été interdit en 1989, selon la CITES (Convention sur le commerce international des espèces menacées d'extinction), liée à l'ONU.
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