Paris, 19 mars 2015 (AFP) - L'Assemblée nationale a voté jeudi, contre l'avis du gouvernement, l'interdiction à compter de janvier 2016 des produits phytosanitaires de la famille des néonicotinoïdes, réputés toxiques notamment pour les abeilles, via un amendement des socialistes Gérard Bapt et Delphine Batho.
A la suite de l'action menée par la Fr
ance pour que l'Union européenne interdise le Cruiser OSR sur le colza, la Commission européenne a restreint l'utilisation de trois subst
ances actives de la famille des néonicotinoïdes, rappelle l'exposé de l'amendement.
Malgré ces av
ancées, cinq molécules restent actuellement autorisées en Fr
ance (imidaclopride, thiaclopride, clothi
anidine, thiaméthoxame et acétamipride) et présentent une toxicité aigüe, notamment pour les abeilles. Pour protéger la s
anté humaine et la biodiversité, et particulièrement les abeilles, l'environnement et la s
anté, il est proposé de prolonger l'action de la Fr
ance en interdis
ant ces subst
ances.
L'interdiction vise toute la famille des néonicotinoïdes pour éviter que l'industrie ne substitue des produits cousins après le retrait d'un produit précis, selon M. Bapt. Appel
ant à "
entendre le cri d'alarme des apiculteurs" vu la mortalité actuelle massive des abeilles, l'
ancienne ministre de l'Ecologie Delphine Batho a souhaité que la Fr
ance, pionnière avec le Cruiser, impose sur tous les néonicotinoïdes "
un moratoire" du même type qu'avec le maïs OGM. M. Bapt, médecin de profession, a longuement plaidé pour l'interdiction de produits au "
succès commercial mondial" mais aux effets toxiques scientifiquement prouvés selon lui à la fois sur les insectes pollinisateurs mais aussi sur les sols, l'eau et la s
anté humaine.
Ces néonicotinoïdes sont "
neurotoxiques de 500 à 10.000 fois plus que le DDT, qui est interdit" et "
il n'y a pas un seul repas où nous n'en consommons pas", a-t-il l
ancé. "
Au Moyen-Age, on aurait appelé ça un nouveau fléau de Dieu". Défavorable à la mesure, au motif notamment que "
le cadre européen ne permet pas une interdiction stricte", la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal a souligné le travail engagé par le gouvernement en matière de pesticides, y compris le pl
an sur la sauvegarde des pollinisateurs sauvages et des abeilles, et les discussions au niveau européen. Mais le pesticide Poncho n'était pas interdit d
ans tous les pays européens lorsque la Fr
ance l'a interdit, idem lorsque la Fr
ance a été "
en avance sur l'interdiction des biberons contenant du bisphénol", a argumenté M. Bapt.
"
L'urgence de l'interdiction s'impose" dev
ant "
un fléau durant depuis trop d'années", a appuyé l'écologiste Laurence Abeille. La rapporteure Geneviève Gaillard (PS) s'était montrée défavorable à "
une interdiction brute", par souci d'"
efficacité" et de "
ne pas gêner les avancées du gouvernement", dis
ant craindre que ces produits ne restent utilisés d
ans le cadre de dérogations, en l'absence d'"
alternative" chimique jusqu'alors.
Ironis
ant à propos de la "
croisade" de M. Bapt, le député UMP du Bas-Rhin
Antoine Herth a jugé que les problèmes des apiculteurs étaient "
multifactoriels", et insisté sur l'effet négatif d'une telle interdiction pour les agriculteurs fr
ançais. D
ans sa "
feuille de route" écologiste, présentée le 4 février, le gouvernement a assuré que la Fr
ance mènerait "au niveau européen une action volontariste" pour que les subst
ances néonicotinoïdes des pesticides soient réévaluées "
au plus vite, en prenant en compte toutes les études concernant les effets sur les colonies d'abeilles, les pollinisateurs sauvages, la faune".
La Fondation Nicolas Hulot a "
salué ces avancées". "
Au gouvernement maintenant de traduire ce cap ambitieux en actes", a-t-elle ajouté. Pour l'association "Générations futures", "
l'adoption de cette interdiction (...) est une bonne nouvelle. Il faudra cependant s'assurer que cet amendement ne soit pas revu lors du passage au Sénat".
La production de miel en Fr
ance en 2014 a baissé d'un tiers par rapport à 2013 pour tomber à son niveau le plus bas depuis 20
ans, selon le bil
an annuel publié jeudi par l'Union nationale des apiculteurs fr
ançais, qui pointe du doigt pesticides et insecticides, notamment les insecticides néonicotinoïdes.
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