Maputo, 17 fév 2015 (AFP) - Deux journalistes allemand et suédois ont été interpellés lundi par la police mozambicaine sous la pression de villageois, alors qu'ils enquêtaient sur le braconnage de rhinocéros dans le sud du Mozambique.

Bartholomäus Grill, correspondant du journal allemand Der Spiegel, et le photographe suédois Torbjörn Selander, ont finalement été relâchés après quelques heures grâce notamment à l'intervention de leurs ambassades, a déclaré mardi à l'AFP le journaliste allemand. Les deux hommes enquêtaient depuis deux jours sur le braconnage de rhinocéros dans le sud du Mozambique, tout près du parc sud-africain Kruger où les animaux sont abattus par centaines. "Nous avons été arrêtés à Mavodze, un village proche du parc du Limpopo (qui jouxte le parc Kruger, ndlr), alors que nous étions à la recherche d'un baron local du braconnage", a expliqué M. Grill par téléphone. Pris pour des espions, les deux journalistes ont été encerclés par les villageois alors qu'ils se trouvaient devant la propriété du chef de gang qu'ils recherchaient, et on été emmenés au poste de police. Le chef de gang en question "contrôle dix équipes de braconniers, il amène de l'argent au village, il est comme "le parrain"", a relevé Bartholomäus Grill. Sous les cris des villageois et les menaces de mort, les journalistes ont été entendus par les policiers. "Tous les criminels autour de nous criaient "mettez-les en cellule". Or, on raconte ici que la police et les gangs travaillent ensemble", a-t-il poursuivi. M. Grill et Selander ont néanmoins réussi à négocier leur relaxe et à obtenir une protection policière pour la nuit, grâce à la mobilisation de leurs ambassades et de hauts gradés de la police à Maputo. Les deux journalistes devaient rejoindre Maputo mardi soir ou mercredi matin, sous escorte policière. Ils n'ont pas le droit de quitter le pays, en attendant les suites de la procédure engagée contre eux. "Ce qui est drôle, c'est que le chef de gang a porté plainte pour violation de domicile", a noté M. Grill. Le massacre des rhinocéros prend des proportions alarmantes en Afrique du Sud, où 1.215 animaux -plus de 5 % de la population- ont été tués par des braconniers l'an dernier. Plus des deux tiers d'entre eux, 827 rhinos, ont été abattus dans le seul parc national Kruger (nord-est), frontalier du Mozambique où le braconnage fait vivre une partie de la population. La progression du braconnage s'explique par la vente à prix d'or des cornes en Asie -en particulier au Vietnam-, où elles sont prisées dans la médecine traditionnelle. La corne des rhinocéros est pourtant exclusivement composée de kératine, comme les ongles humains.