Deux aiglons de Bonelli, une espèce menacée, viennent de prendre leur envol en Espagne, première étape réussie de la réintroduction de ce rapace dont les chasseurs français redoutent le retour.
PARIS, 6 août 2011 (AFP) - Deux aiglons de Bonelli, une espèce menacée, viennent de prendre leur envol en Espagne, première étape réussie de la réintroduction de ce rapace dont les chasseurs français redoutent le retour.
"Ces deux oiseaux nés en avril et mai en Fr
ance ont été relâchés en mai et juin derniers en Navarre et à Majorque avec d'autres aiglons espagnols et viennent d'effectuer leurs premiers vols", a indiqué à l'AFP, Yv
an Tariel, responsable de la Mission rapaces de la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO). C'est la LPO qui est à l'origine de cette réintroduction.
La Fr
ance ne compte que 30 couples d'aigles de Bonelli, rapace méditerr
anéen de l'ordre des falconiformes, d'une envergure moyenne entre 1,50 et 1,70 m pour un poids all
ant de 1,5 à 2,5 kg, classé espèce en d
anger par l'Union européenne. Ce rapace, d'une durée de vie d'une vingtaine d'
années, se nourriss
ant essentiellement de perdrix et de lapins, est un concurrent pour les chasseurs en Fr
ance, qui s'opposent farouchement à tout programme officiel de réintroduction.
Du coup, la LPO, associée à l'Union fr
ançaise des centres de sauvegarde (UFCS), a choisi l'Espagne pour expérimenter leur technique de réintroduction, après avoir démarré un programme de reproduction en captivité d
ans les
années 1990 d
ans deux centres, en Ardèche et Vendée. Les deux aiglons réintroduits en Espagne, pays qui mènent plusieurs projets de ce type et compte plusieurs centaines de couples d'aigles de Bonelli, sont les petits d'un jeune couple de 7
ans élevés en captivité en Vendée par l'expert Christi
an Pacteau.
La réintroduction en Espagne, prise en charge par le GREFA (Grupo para la Recuperacion de la Fauna Autoctona y su Habitat) s'est faite sur des sites qui avaient été ab
andonnés par l'espèce, et selon la technique dite du "taquet", a précisé la LPO. Les jeunes sont installés d
ans des nids reconstituées sur des falaises jusqu'à ce qu'ils sachent voler, avec l'objectif qu'ils s'imprègnent du lieu pour venir ensuite s'y installer en couple. "Le suivi des premiers vols est particulièrement encourage
ant", a souligné M. Tariel.
Jusqu'au premier vol, les aiglons, qui sont bagués mais n'ont plus leurs parents pour les protéger, sont suivi 24 heures sur 24. "Il faut en effet les nourrir discrètement, éviter toute prédation et les surveiller s
ans cesse, mais depuis qu'ils ont pris leur envol, c'est plus facile", a-t-il ajouté. "Mainten
ant, s'il y a un d
anger, ils savent s'envoler, se mettre à l'abri". Un comité de suivi plus léger reste cepend
ant en place. Les deux principales menaces qui pèsent sur l'aigle de Bonelli sont le tir et l'électrocution, selon M. Tariel, bien av
ant l'empoisonnement ou les maladies.
D
ans l'Hérault, en deux
ans, cinq de ces aigles sont morts électrocutés d
ans un même secteur, près de Béziers. Le dernier, début décembre, était un aiglon né en 2010 sur un site de reproduction près de Marseille. D
ans le cadre d'un pl
an national dactions pour protéger les espèces menacées, en application du Grenelle de l'environnement, ERDF et RTE ont promis d'aménager les lignes électriques en conséquence. "Cela va prendre des
années mais, en attend
ant, les scientifiques se sont aperçus que d
ans les zones où les lignes ont déjà été aménagées, la durée de vie des jeunes est beaucoup plus longue", a souligné l'expert de LPO.
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