Selon le Service Juridique, la Maralpine achetait ces animaux sur les plateformes en ligne « pour leur porter secours ». Un acte spécifique du Syndrome de Noé : « Ce trouble regroupe trois grands profils type d’accumulation d’animaux, dont ce que l’on appelle les « accumulateurs-sauveteurs », décrypte Valentine Filleul, docteure en psychologie sociale et médiatrice scientifique. Ces derniers, qui forment 20 % des cas recensés, éprouvent un besoin viscéral de partir à la recherche d’animaux, pensant être les seuls à pouvoir fournir des soins adéquats. »

Un déni préjudiciable aux animaux

Or, ces « accumulateurs-sauveteurs », seraient incapables de percevoir la dégradation progressive de leur état et celui des animaux, tout comme l’insalubrité de leur logement. « Ils sont dans le déni, parfois extrême, du tort qu’ils causent aux animaux et de la situation », poursuit Valentine Filleul, jointe par 30millionsdamis.fr.  

Le déni est tel que ces profils sont susceptibles de refuser toute aide et une remise volontaire des animaux aux services vétérinaires de l’État. « Ils considèrent les services de contrôle des animaux comme leurs ennemis, affirme V. Filleul. La perspective de devoir s’en séparer peut être très traumatisante et les affecter émotionnellement. » « En l’occurrence, cette dame craignait par-dessus tout que les autorités lui retirent ses animaux », relate Virginie du Service juridique.

Des traumatismes de l’enfance

Car les personnes atteintes du Syndrome de Noé présentent des antécédents psychosociaux. Troubles de l’attachement, anxiété, insécurité… « des mécanismes provenant d’une enfance difficile », indique Valentine Filleul, docteure en psychologie sociale et médiatrice scientifique. Ce sont souvent des personnes qui ont grandi dans des environnements hostiles, parfois avec des sévices psychologiques. » Par conséquent, leur identité reste très fragilisée. « Ils n’ont pas d’attache. Les animaux sont leur seule compagnie. »  

Pendant longtemps, la Maralpine aurait caché la situation à sa propre famille, interdisant l’entrée dans certaines pièces du domicile et ayant menti sur le nombre d’animaux détenus. « Les personnes atteintes de ce trouble se coupent totalement du monde et redoublent de stratégies pour cacher leur situation », souligne Valentine Filleul à 30millionsdamis.fr.

Une maladie encore « très peu documentée »

Accompagnée de sa famille, la sexagénaire est aujourd’hui suivie par un psychologue. Un accompagnement probablement « à vie » selon la docteure en sciences sociales. « Les psychologues et psychiatres étudient plusieurs pistes pour identifier les antécédents psychosociaux, avant de poursuivre sur un traitement thérapeutique et une réhabilitation comportementale, poursuit-elle. C’est du cas par cas. Les patients doivent travailleur sur leurs vulnérabilités. »

Malheureusement, le Syndrome de Noé reste encore « très peu documenté », et aucune formation en France ne permet de se spécialiser pleinement sur ce trouble d’accumulation d’animaux. « Il faut améliorer sa prise en charge et cela requiert la collaboration de nombreux professionnels tels que les vétérinaires, les forces de l’ordre, et les services de contrôle et de soin des animaux, ainsi que les services sociaux et les spécialistes de la santé mentale », suggère l’experte. Car cette maladie s’avère autant dangereuse pour la santé des animaux que pour leur détenteur. D’autant plus que « quel que soit le profil du patient, le risque de récidive est de 100 %, remarque Valentine dans ses recherches sur le Syndrome de Noé. 

La Fondation 30 Millions d’Amis appelle à la vigilance

Après multiples échanges avec la famille de la sexagénaire, la Fondation 30 Millions d’Amis a récupéré 124 animaux, dont 72 chiens, 46 chats, 4 lapins, 3 mandarins, 1 pigeon, et 1 Gris du Gabon. « Si le Syndrome de Noé concerne majoritairement des chiens et des chats, les animaux de ferme ou les espèces exotiques sont tout aussi concernées », précise la docteure en sciences sociale à 30millionsdamis.fr. Tous ont été placés et ont bénéficié de soins adaptés à leur état de santé. Car, si la majorité ne présentait pas de pathologie, d’autres ont dû être hospitalisés.

Les chats et chiens cédés à la Fondation 30 Millions d’Amis ont rejoint le refuge de La Tuilerie (77). « Certains ont d’ores et déjà trouvé une nouvelle famille », se réjouit Virginie.

Ce sauvetage n’est pas un cas isolé.  Le Service Juridique de la Fondation 30 Millions d’Amis appelle à redoubler de vigilance face à des cas avérés de Syndrome de Noé : « Si l’un des membres de votre entourage est atteint du Syndrome de Noé et se retrouve dépassé par un grand nombre d’animaux, agissez immédiatement en contactant la Fondation 30 Millions d’Amis, ainsi que les autorités. Ces personnes ont besoin d’une aide permanente. À défaut, elles mettent leur vie et celle des animaux en danger. »