
Le Conseil d'État a condamné 'État à verser 3.000 euros à l'association Férus, qui a saisi la justice en juillet 2025. / ©AdobeStock
La plus haute juridiction administrative a annulé un arrêté autorisant les tirs sur les loups dans les Hautes-Pyrénées, compte-tenu du faible effectif présent dans le département. La Fondation 30 Millions d'Amis salue la décision du Conseil d'État, et encourage une cohabitation apaisée entre le canis lupus et les activités humaines.
Le Conseil d'État a annulé vendredi 12 décembre 2025 un arrêté préfectoral autorisant un éleveur des Hautes-Pyrénées à tirer en direction de loups pour protéger son troupeau, l'espèce étant très rare dans ce département. "La population de loups dans le département des Hautes-Pyrénées est très réduite, un unique spécimen mâle ayant été identifié à ce jour", a relevé la plus haute juridiction administrative. En avril dernier, cet arrêté du préfet à Tarbes (65) autorisait le président du groupement pastoral de Saint-Pé-de-Bigorre, près de Lourdes, "à effectuer des tirs de défense simple en vue de la défense de son troupeau contre la prédation du loup". Attaqué par une association de défense des animaux, Ferus, l'arrêté avait été conforté en juillet 2025 par le tribunal administratif de Pau (64).
Le Conseil d'État n'a pas eu la même lecture, condamnant par ailleurs l'État à verser 3.000 euros à l'association pour ses frais de justice. Pour lui, l'arrêté préfectoral visé "est susceptible de porter atteinte à l'état de conservation de l'espèce au niveau local". Une décision saluée par la Fondation 30 Millions d'Amis : "alors que le loup est victime, depuis plusieurs années, d'une véritable politique gouvernementale de persécution sous l'influence de certains lobbys agricoles et des chasseurs, le Conseil d'Etat apparaît une nouvelle fois comme un rempart essentiel contre cet acharnement, souligne Lorène Jacquet, Responsable Campagnes et Plaidoyer de la Fondation 30 Millions d'Amis. En plaçant la conservation de l'espèce avant les intérêts politiques, la plus haute juridiction administrative rappelle le respect dû au droit et à la biodiversité."
La portée de cette décision, limitée à un département, cache un conflit national entre éleveurs et défenseurs de la faune sauvage sur le statut de cette espèce protégée. Les éleveurs accusent l'État de sous-estimer la population de ces prédateurs. Ils ont dénoncé un "refus persistant d'affronter la réalité du terrain" quand, fin novembre, la préfecture de la région Auvergne-Rhône-Alpes, référente nationale pour cette espèce, a estimé à 1.082 le nombre de loups en France, contre 1.013 un an auparavant.
La Fondation 30 Millions d'Amis encourage la mise en place de solutions durables de cohabitation entre les loups et les activités humaines.
À partir du 1er janvier 2026, la réglementation change et autorisera tout éleveur, ou chasseur mandaté par un éleveur, à tuer un loup dans le cas où il attaquerait son troupeau, de nouvelles mesures dénoncées par la Fondation 30 Millions d'Amis, déplorant une politique rétrograde à l'égard du canidé. L'autorisation préalable nécessaire jusque-là est supprimée, au profit d'une déclaration en préfecture a posteriori. L'immense majorité des meutes en France est localisée dans les Alpes. Mais les loups s'installent progressivement dans les autres régions de montagne: Massif central, Jura, Vosges et Pyrénées. "Plutôt que de renforcer encore et encore les tirs d'abattage, la Fondation 30 Millions d'Amis encourage la mise en place de solutions durables de cohabitation entre les loups et les activités humaines, incluant notamment une affectation contrôlée des fonds nationaux et européens pour la protection des troupeaux.", rappelle Lorène Jacquet.
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