
Pour la deuxième année d’affilée, l’association Nos viventia a publié des images de canards catapultés vivants dans la Meuse (55). / ©Nos viventia
L’association Nos viventia a révélé dans une vidéo mise en ligne que des canards étaient catapultés vivants dans le but d’entrainer des chiens de race Retriever. 30millionsdamis.fr a recueilli les explications de Pierre Rigaux, son président.
« Je ne savais même pas que ça existait avant de voir ces scènes ! » Il y a quelques semaines, Pierre Rigaux, fondateur de l’association Nos viventia, a rendu publique une vidéo dans laquelle on aperçoit des individus catapulter des canards vivants pour entrainer leurs chiens de chasse, dans le département de la Meuse (55). « Quelques jours après cette séquence, on leur a demandé pourquoi [des membres du Retriever club de France] faisaient ça, explique Pierre Rigaux à 30millionsdamis.fr. Ils nous ont affirmé qu’ils ne tiraient pas sur des canards… On a insisté en disant qu’on avait entendu des coups de feu, ce à quoi ils ont répondu que c’était vrai, mais qu’ils tiraient sur des canards sauvages. On leur a alors montré les caisses avec les canards et ils ont finalement admis qu’ils tiraient sur des canards d’élevage. » Plusieurs dizaines d’animaux auraient été comptés par l’association.
L’association Nos viventia a déposé plainte, un an après avoir fait la même démarche. En 2024, le même genre de scène avait été filmée par les militants de la cause animale. « En les confrontant, ils nous avaient dit à l’époque qu’ils n’utilisaient que des leurres en plastique, ils mentent à chaque fois », s’indigne Pierre Rigaux. Avant de souligner : « C’est un délit de sévices graves sur des animaux captifs, ce qui est puni par de la prison et une très forte amende selon le Code pénal, souligne Pierre Rigaux. On attend surtout qu’ils arrêtent d’utiliser les animaux vivants pour des concours canins. »
Ce matin dans la Meuse des chasseurs propulsent des canards avec des machines pour leur tirer dessus
— Pierre Rigaux (@RigauxNature) September 20, 2025
Nous appelons le Retriever Club de France qui organise l’événement prévu tout le week-end à le stopper tout de suite !
Et nous portons plainte. pic.twitter.com/iF8Y0BRtiP
Entre 2024 et 2025, cela fait deux plaintes similaires déposées par Nos viventia. « J’espère que ça aura un certain poids parce que c’est une récidive, avance Pierre Rigaux. Ce ne sont pas forcément les mêmes individus qui pratiquent concrètement l’acte mais ce sont les mêmes organisateurs. Les canards catapultés, c’est très spectaculaire, mais dans d’autres départements ils lancent les canards en les tenant par la tête et ce n’est pas mieux. » Nos viventia a adressé un courrier à Monique Barbut, la nouvelle ministre de la Transition écologique, lui demandant de « sanctionner efficacement toute utilisation d’animaux vivants dans les concours canins ».
Cette pratique est-elle réellement condamnable ? « Elle est illégale au regard du droit de la chasse », confirme l’Association pour la protection des animaux sauvages (ASPAS) à 30millionsdamis.fr. Celle-ci va « étudier la possibilité de déposer plainte dans cette affaire ». « Le fait de catapulter des canards leur cause indubitablement des mauvais traitements (article L215-11 du Code rural) et possiblement des sévices graves (article 521-1 du Code pénal), appuie de son côté Me Caroline Lanty, avocate de la Fondation 30 Millions d’Amis. Il s’agirait de chatons catapultés, la question ne se poserait même pas. Et pour les canards, qui sont des animaux d’élevage, et tenus en captivité, ils sont protégés, par le droit, de la même façon contre les mauvais traitements et les sévices graves. Le droit doit s’appliquer. » Avant d’ajouter : « Souhaitons que le Parquet poursuive ces agissements intolérables, qui font fi de la sensibilité animale et de la souffrance éprouvée par ces canards. »
Le 14 octobre 2025, le journal Sud Ouest a rapporté que la préfecture des Landes avait suspendu un concours de chiens d’arrêt qui durait depuis quelques jours, à la suite de la diffusion d’une vidéo de Nos viventia montrant un chasseur faisant tournoyer par le cou un faisan blessé : « Un comportement manifestement inapproprié et cruel […] contraire aux valeurs même de la chasse », s’est alors justifiée la préfecture dans un communiqué publié sur Facebook. « C’est un signe très positif, ça veut dire qu’il y a quand même une prise de conscience, réagit Pierre Rigaux. C’est la première fois que le préfet demande aux organisations d’arrêter une pratique à la suite des images qu’on diffuse, donc j’ai bon espoir qu’une brèche soit ouverte et qu’on puisse obtenir un jour l’interdiction totale de ces lâchers pour les concours. »
Dans son courrier à la ministre de la Transition écologique, Nos viventia ajoute qu’« il serait tout à fait possible de ne plus du tout utiliser d’animaux, sans pour autant nuire aux concours. (…) L’utilisation de leurres (formes en plastique) a déjà fait ses preuves pour l’entraînement des « retrievers ». Les chiens peuvent être entraînés à rapporter ces leurres, et pourraient même être entraînés à repérer des leurres olfactifs en lieu et place de perdrix/faisans ».
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