Depuis fin octobre, le navire de transport de bétail Spiridon II est bloqué au large des côtes turques avec 2 901 bovins provenant d'Uruguay à son bord. Les autorités turques refusent de laisser décharger les animaux en raison de divergences des étiquettes auriculaires garantissant l’origine exacte et le suivi de la santé des animaux. Les animaux sont désormais en mer depuis plus de 50 jours. Au moins 48 bovins sont déjà morts.
Avec AFP - Une situation indigne. Près de 3.000 vaches en provenance d'Uruguay sont bloquées depuis trois semaines à bord d'un cargo au large de la Turquie, faute de certificats sanitaires et commerciaux en règle, selon les autorités turques. Le cargo Spiridon II, parti d'Uruguay le 19 septembre 2025, est stationné au large du port de Bandirma (ouest de la Turquie) depuis le 21 octobre dernier, a indiqué mercredi 12 novembre à l'AFP le service de communication du gouvernement turc. "Malheureusement, c'est une histoire qui se répète sans cesse... On ne compte plus les cas d'animaux exportés et immobilisés pendant des jours et des jours dans des cargos délabrés", réagit Lorène Jacquet, Responsable Campagnes et plaidoyer à la Fondation 30 Millions d'Amis.
Près de 50 animaux morts à bord
Au moins 48 animaux, en mer depuis plus de 50 jours, sont déjà morts à bord, assurent plusieurs ONG et des médias turcs. "Une demande d'importation a été déposée le 21 octobre auprès du poste de contrôle vétérinaire du port de Bandirma pour l'importation de 2.901 têtes de bétail en provenance d'Uruguay, pour le compte de 15 entreprises, explique le gouvernement dans un communiqué. Les inspections ont révélé que certains animaux ne portaient ni boucles auriculaires, ni puces d'identification électronique, et que 469 animaux n'étaient pas conformes aux listes fournies. En raison de ces non-conformités, l'entrée du chargement sur le territoire national a été refusée et la mention 'REJET' ajoutée aux 15 certificats" défaillants.
L'association Animal Welfare Foundation (AWF) a par ailleurs adressé un courrier aux autorités turques ainsi qu'à l'Union européenne (UE), exigeant la fin du transport d'animaux par voie maritime. "Nous avons été informés que le navire, actuellement ancré au port de Bandırma, en Turquie, est en mer depuis environ 47 jours, transportant 2 901 bovins vivants en provenance d'Uruguay (...) Compte tenu de ces circonstances, nous demandons respectueusement à la Commission européenne, par l'intermédiaire de la DG SANTE, de prendre toutes les mesures diplomatiques et techniques possibles pour faciliter le déchargement immédiat des bovins survivants".
En plus de la durée et des conditions du transport maritime qui pèsent lourdement sur le bien-être des animaux, "ces blocages justifiés par des raisons sanitaires, voire politiques, mettent leur vie en péril et témoignent du peu de considération portée à ces animaux destinés à être abattus et consommés", poursuit Lorène Jacquet.
L'état des animaux se dégrade
La décision a été communiquée à la direction des douanes le 23 octobre. Le bateau avait quitté l'Uruguay 4 jours plus tôt. Depuis tout ce temps, les vaches, dont l'état se dégrade, sont restées à bord du cargo Spiridon II, déplorent plusieurs ONG qui relèvent l'état lamentable du bâtiment. Selon la Fondation AWF, qui demande que les animaux soient débarqués. "Nous n'avons observé le débarquement d'aucun animal, vivant ou mort. Cela signifie que les près de 3.000 animaux sont toujours à bord - et ce, depuis 53 jours maintenant", relève la Fondation dans un communiqué.
Le bateau a pu accoster brièvement dimanche dernier au port de Bandirma pour charger de la paille et de la nourriture, indique AWF. Les médias turcs, dont le site HarberDenizde, ont fait état d'une odeur pestilentielle entourant le bâtiment. Les exportateurs ont contesté la décision des autorités vétérinaires turques et engagé des poursuites judiciaires, affirme le gouvernement. L'ONG Robin des Bois confirme quant à elle que le Spiridon II, un "ex-cargo polyvalent russe converti en 2011 en bétaillère maritime", est âgé de 52 ans et aurait dû être envoyé à la casse "depuis une bonne vingtaine d'années".
L'organisation précise par ailleurs que le bateau bat pavillon du Togo et que son exploitant est basé au Honduras. "Le Togo est sur la liste noire des pavillons établie par le Mémorandum d'entente de Paris sur le contrôle des navires par l'État du port", accord international visant à améliorer la sécurité et le contrôle maritimes, rappelle l'association Robin des Bois. "Il est temps de traiter les animaux avec plus de dignité et de respect, notamment en mettant un terme aux transports de longue durée, a fortiori lorsqu'ils sont réalisés sur des navires inadaptés et hors d'âge !", conclut Lorène Jacquet.
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