L'établissement Tacugama - qui œuvre à la protection des chimpanzés et des forêts dont ils dépendent en Sierra Leone - fait face à une crise environnementale majeure. L'intensification de la déforestation et de l'accaparement des terres du parc national où se situe le sanctuaire menacent gravement l'espèce.
Le site a rouvert samedi 1er novembre 2025. "Notre fermeture n'a jamais été un choix. Il s'agissait d'un acte de protection et d'une prise de position contre l'accaparement illégal des terres qui constituait une grave menace pour Tacugama", a déclaré lundi à l'AFP le fondateur et directeur du sanctuaire, Bala Amarasekaran. "Ces derniers mois figurent parmi les plus difficiles de toute notre histoire. Nous avons fait face à des pertes financières, à l'incertitude pour nos employés, et à la question douloureuse de savoir si Tacugama pourrait un jour rouvrir ses portes", a souligné M. Amarasekaran.
Le sanctuaire et ses chimpanzés fortement menacés par l'accaparement des terres...
Cette réouverture fait suite à des courriers émanant du gouvernement sierra-léonais et de ministères clefs promettant d'agir contre les activités illégales et l'accaparement des terres et de protéger l'intégrité de Tacugama au sein du parc, selon la direction du sanctuaire. "La situation des sanctuaires est de plus en plus difficile, et c'est dramatique car ils sont souvent le dernier rempart pour protéger des animaux dans des zones où les populations sauvages subissent de fortes pressions, liées au braconnage, à la déforestation, ou encore au changement climatique", s'inquiète Lorène Jacquet, Responsable Campagnes et Plaidoyer de la Fondation 30 Millions d'Amis.
Destination d'écotourisme numéro un du pays et modèle de conservation en Afrique de l'Ouest, l'établissement recueille et prend soin de chimpanzés de moins de cinq ans dont la famille a été tuée et auxquels il faut apprendre à survivre.
Et la déforestation...
Le chimpanzé d'Afrique de l'Ouest est considéré comme une espèce "en danger critique d'extinction" par l'Union internationale pour la conservation de la nature, menacée notamment par la disparition de son habitat et le braconnage pour sa viande. La déforestation de la précieuse forêt tropicale humide du Parc national de la péninsule de la région ouest, bordant la capitale Freetown, est massive. Sur les 18.000 hectares de forêt du parc, presque un tiers (5.600 hectares) ont été perdus ou gravement dégradés depuis 2012.
Ce parc abrite pourtant 80 à 90% de la biodiversité de Sierra Leone, selon l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco). "Les animaux rescapés doivent pouvoir être mis en sécurité dans des structures protégées par l'Etat, afin de mener à bien leur mission de sauvetage et de réhabilitation d'animaux victimes du trafic et de la cupidité humaine, poursuit Lorène Jacquet. En parallèle, des moyens doivent impérativement être déployés pour préserver la forêt et la biodiversité qu'elle abrite."
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