Le phoque du Groenland (Pagophilus groenlandicus) est passé de "Préoccupation mineure" à "Quasi menacé". / ©AdobeStock
L'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a publié la mise à jour de sa liste rouge répertoriant les espèces menacées. Les scientifiques alertent sur les menaces croissantes pesant sur les phoques arctiques et plus de la moitié des oiseaux dans le monde.
La situation des espèces menacées de phoques de l'Arctique et d'oiseaux s'aggrave, selon la "liste rouge" publiée vendredi 10 octobre 2025 par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). L'organisation non gouvernementale a annoncé, lors de son Congrès mondial à Abou Dhabi, avoir dégradé d'un cran le statut du phoque à capuchon, désormais "en danger", du phoque barbu et du phoque du Groenland, "quasi menacés". Elle a ajouté que 61% des espèces d'oiseaux dans le monde voyaient leur population baisser, contre 44% en 2016. "La liste rouge de l'UICN comprend maintenant 172.620 espèces dont 48.646 sont menacées d'extinction", fait savoir l'UICN dans un communiqué. Cela représente 28,2% des espèces, contre 27,9% dans la dernière mise à jour, en 2024.
Les phoques sont victimes du réchauffement climatique qui fait disparaître leur habitat naturel, la banquise. "Le réchauffement mondial se produit quatre fois plus vite dans l'Arctique" que sur le reste de la planète, a rappelé l'UICN. Tous les mammifères de cette région du globe, dont les morses, les cétacés et les ours blancs, souffrent de cette montée des températures due aux activités humaines. "Les phoques, qui dépendent de la banquise, sont une source cruciale de nourriture pour les autres animaux" et "jouent un rôle central dans les chaînes alimentaires, en consommant des poissons et des invertébrés et en recyclant des nutriments", ont souligné les scientifiques.
Pour cette raison, les phoques sont considérés des "espèces clé de voûte". L'UICN a relevé d'autres nuisances croissantes pour elles : trafic maritime, extraction minière et pétrolière, pêche industrielle et chasse. "De nombreuses espèces de phoques sont menacées, en raison de la perte de leur habitat ou de la pression liée à la chasse ou à la pêche intensive, à la pollution ou encore au tourisme. Si des mesures ne sont pas prises pour préserver les populations sauvages, elles pourraient disparaître, comme ça a récemment été le cas du phoque moine des Caraïbes malheureusement", alerte à son tour Lorène Jacquet, Responsable Campagnes et Plaidoyer pour la Fondation 30 Millions d'Amis.
Concernant les oiseaux, la "liste rouge" bénéficie de neuf ans de travail de "milliers d'experts". La conclusion est que "1.256 (soit 11,5%) des 11.185 espèces examinées sont menacées dans le monde". Cette mise à jour s'est particulièrement concentrée sur les forêts tropicales. À Madagascar, 14 espèces sont devenues "quasi menacées" et trois "vulnérables". En Afrique de l'Ouest, cinq sont passées à "quasi menacées", de même qu'une en Amérique centrale.
Le philépitte de Schlegel (Philepitta schlegeli), oiseau forestier endémique de Madagascar, est classé "vulnérable". / ©Adobe Stock
L'organisation internationale insiste cependant sur la possibilité, avec des politiques globales et ciblées, d'améliorer la situation. C'est le cas pour la tortue verte, présente dans toutes les mers chaudes du monde, qui passe d'"en danger" à "préoccupation mineure". La population mondiale a augmenté d'environ 28% en un demi-siècle. "La population mondiale de tortues vertes rebondit grâce à la conservation", affirme l'UICN. Le rétablissement de l'espèce à l'échelle mondiale représente, "un exemple puissant de ce qu’une conservation mondiale coordonnée au fil de décennies peut réaliser pour stabiliser et même restaurer les populations d’espèces marines à longue durée de vie", a déclaré Roderic Mast, Coprésident du Groupe de spécialistes des tortues marines de la Commission pour la sauvegarde des espèces de l’UICN.
La Fondation 30 Millions d'Amis assistera du 24 novembre au 5 décembre prochains à la renégociation triennale de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES). Elle portera sa voix face aux enjeux de cette conférence, à savoir limiter la marchandisation d'espèces menacées et responsabiliser les décideurs politiques quant au rôle du commerce dans le déclin de ces populations. "Les alertes des scientifiques, notamment en ce qui concerne les espèces de la liste rouge de l'UICN, doivent être entendues et des mesures doivent être prises pour limiter le réchauffement climatique et ses effets délétères pour la biodiversité, mais également pour empêcher la mise en péril d'espèces sauvages, par la chasse et le commerce international", déclare Lorène Jacquet.
(Avec AFP)
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