Cette chasse est une tradition du Sud-Ouest. /©iStock
L’arrêté ministériel pris fin août 2025, qui autorisait la chasse à l’alouette, a été suspendu par le Conseil d'État. Reha Hutin, Présidente de la Fondation 30 Millions d’Amis, pointe du doigt l’acharnement du gouvernement qui persiste à « défendre une pratique de chasse archaïque ».
Mercredi 24 septembre 2025, le Conseil d'État, saisi au sujet de la chasse à l'alouette des champs, a désavoué une fois de plus le gouvernement, qui tentait de nouveau d'autoriser la méthode des filets dits "pantes". Saisie par deux associations de défense des animaux, la plus haute juridiction administrative s'est appuyée sur la directive européenne "oiseaux" de 2009. Elle a suspendu l'exécution d'un arrêté ministériel pris fin août 2025 qui autorisait cette chasse, une tradition du Sud-Ouest, « dans les départements de la Gironde, des Landes, du Lot-et-Garonne et des Pyrénées-Atlantiques du 1er octobre au 20 novembre ».
L'arrêté affirmait que « l'objectif des chasses traditionnelles » est aussi « culturel ». Mais pour le Conseil d'État, « l'objectif de préserver l'utilisation d'un mode de chasse constituant une pratique traditionnelle » ne justifie pas une dérogation à la directive européenne transposée dans le Code de l'environnement. « La justice rappelle une nouvelle fois au gouvernement que la préservation de la biodiversité doit prévaloir sur un loisir mortifère, fût-il traditionnel », a affirmé dans un communiqué le président de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), Allain Bougrain-Dubourg. « Cette décision est un désaveu cinglant », a-t-il ajouté.
« Voir le gouvernement français s'acharner à défendre une pratique de chasse archaïque et contraire au droit européen est assez invraisemblable et démontre une fois de plus l'influence inexplicable du lobby de la chasse auprès des décideurs politiques en place », regrette Reha Hutin, Présidente de la Fondation 30 Millions d’Amis. Depuis 2021, le Conseil d'État a dû se prononcer plusieurs fois sur des méthodes traditionnelles de chasses d'oiseaux que les associations de défense des animaux estiment illicites. Cette fois, le ministère de la Transition écologique estimait qu'un soin avait été accordé à la méthode des "pantes" pour ne capturer que « de petites quantités d'oiseaux » en respectant certaines règles.
« La LPO dénonce depuis plusieurs années l'acharnement du gouvernement à réintroduire des pratiques de piégeage archaïques déjà jugées non conformes au droit européen », a déclaré l'association. Pour le ministère, qui défendra son arrêté devant une juridiction chargée de trancher sur le fond, « la chasse au filet facilite le suivi des animaux réellement attrapés, en limitant le nombre d'individus blessés mais non prélevés, et ne perturbe pas le milieu naturel ».
« Les arrêtés qui avaient été proposés ne concernaient pas les alouettes qui nichent en France mais les seules alouettes qui traversent notre pays à la faveur de migrations et dont l'état de conservation n'est pas problématique », se défend le ministère dans un communiqué transmis à l'AFP. La chasse au tir reste autorisée.
« La protection de la biodiversité et de l'Environnement est présentée comme un enjeu auquel la France souhaite apporter sa contribution sur la scène européenne et internationale, sa priorité ne devrait donc pas être de promouvoir des techniques de chasse qui nuisent aux populations d'espèces d'oiseaux protégés pour le loisir d'une minorité de la population », insiste Lorène Jacquet, Responsable Campagnes et Plaidoyer de la Fondation 30 Millions d’Amis.
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