En juin dernier, l'Union européenne avait opéré un reclassement du loup, le faisant passer d' « espèce strictement protégée » à « protégée », afin de donner plus de flexibilité aux Etats membres pour gérer la population lupine. /©iStock
À partir de 2026, les éleveurs pourront tuer des loups sans autorisation de l’État, en cas d'attaque de leurs troupeaux. Reha Hutin, Présidente de la Fondation 30 Millions d’Amis, critique la décision prise par le gouvernement.
« C'est simplement, et malheureusement, l'aboutissement du projet mortifère de l'État français, qui a utilisé tous les moyens à sa disposition pour affaiblir la protection du loup et en permettre l'abattage sans restriction », déplore Reha Hutin, Présidente de la Fondation 30 Millions d’Amis. L'État a effectivement annoncé le 23 septembre 2025 qu'il va permettre aux éleveurs – en 2026 – de tuer des loups sans son autorisation préalable en cas d'attaque de leurs troupeaux ; cette autorisation étant aujourd’hui obligatoire. Cette annonce, sur un sujet sensible, a déclenché la colère des défenseurs de la faune sauvage qui dénoncent une « chasse aux loups tous azimuts ». Et elle a été accueillie avec une « satisfaction » prudente par certains éleveurs quand d'autres, « en colère », réclament de pouvoir tuer plus de loups face à l'augmentation des prédations.
En juin 2025, l'Union européenne avait opéré un reclassement du loup, le faisant passer d'« espèce strictement protégée » à « protégée », afin de donner plus de flexibilité aux États membres pour gérer la population lupine. À compter de 2026, la réglementation nationale inclura « une simplification significative » des conditions de « tirs de défense » avec « la suppression (...) du régime d'autorisations dérogatoires au profit d'un système déclaratif », a annoncé mardi dans un communiqué Fabienne Buccio, préfète de la région Auvergne-Rhône-Alpes et coordinatrice du Plan national d'actions sur le loup (PNL). Un dispositif censé protéger les élevages d'ovins, caprins, bovins et équins.
« Cette politique de régulation, qui glisse progressivement vers l'extermination, met en péril des années d'efforts de conservation ayant permis à cette espèce emblématique de se reconstituer en France, ajoute Reha Hutin, Présidente de la Fondation 30 Millions d’Amis. L'objectif est assumé : acheter la paix sociale avec les éleveurs, à qui le gouvernement ne refuse désormais plus rien ! »
Un éleveur – ou un chasseur mandaté par lui – pourra désormais tuer un loup qui attaque son troupeau, sans l'autorisation préalable requise actuellement ; charge à lui de déclarer a posteriori ce tir mortel à la préfecture, a expliqué à l'AFP Jean-Paul Celet, préfet référent pour la conservation du loup.
Chaque année, l'État fixe un « plafond » pour le nombre de loups tués par des « tirs de défense » en cas d'attaque de troupeaux, ou par « prélèvements » autorisés effectués par des louvetiers ou des agents de l'Office Français de la Biodiversité (OFP) : il est fixé à 19 % de l'estimation de la population annuelle moyenne de loups. Pour l'année 2025, les autorités ont autorisé à abattre jusqu'à 192 prédateurs.
« Si l'abattage des loups devient autorisé par principe, reste à savoir comment l'État entend contrôler le nombre de loups tués, et donc le respect du plafond réglementaire tout au long de l'année... », questionne Lorène Jacquet, Responsable Campagnes et Plaidoyer de la Fondation 30 Millions d’Amis.
(Avec AFP)
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