Afin de réduire l’utilisation d’animaux dans la recherche et l’enseignement, la France a alloué un budget à hauteur de 48,4 millions d’euros dans les organes et organoïdes-sur-puces. Ces technologies permettent d’étudier les maladies sans recourir aux tests sur animaux. Un programme révolutionnaire, porteur d’espoir selon la Fondation 30 Millions d’Amis.
La France est-elle sur le point de prendre le lead sur le développement d’alternatives à l’expérimentation animale ? Cet engagement - réclamé de longue date par la Fondation 30 Millions d’Amis - semble en bonne voie ! Au Parlement européen ce jeudi 13 mars 2025, le commissaire hongrois Oliver Varhelyi, en charge de la santé et du bien-être animal, a déclaré que la technologie et le développement de l’intelligence artificielle « permettront la fin des tests sur animaux ». Un constat qui fait écho aux récents investissements français.
Il y a un an et demi, en octobre 2023, la France présentait son plan d’investissement « France 2030 » avec, à la clé, 54 milliards d’euros pour « rattraper le retard industriel du pays, investir dans les technologies innovantes et soutenir la transition écologique ». Parmi les budgets annoncés, l’État a décidé d’allouer 48,4 millions d’euros pour le programme « organes et organoïdes-sur-puces », une méthode révolutionnaire visant à faire avancer la médecine sans recourir à l’expérimentation animale. Développées sur six ans, ces recherches s’apprêtent à être lancées.
Des alternatives se développent et devraient limiter le nombre d’animaux utilisés
La Fondation 30 Millions d’Amis salue les initiatives nationales et européennes en la matière et continue, en parallèle, à promouvoir le développement de méthodes substitutives. « Aujourd’hui nous avons l’opportunité d’agir au niveau européen pour que soient développés des programmes plus fiables qui ne recourent pas à l’animal, et nous agissons au niveau national pour la reconnaissance d’un droit d’objection de conscience à l’expérimentation animale, comme il en existe déjà en Italie et aux Pays-Bas », déclare Christophe Marie, Directeur des Affaires nationales et européennes de la Fondation 30 Millions d’Amis.
Nous agissons pour la reconnaissance d’un droit d’objection de conscience à l’expérimentation animale.
C. Marie, Fondation 30 Millions d'Amis
Selon la dernière enquête statistique du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, plus de 2 millions d’animaux sont utilisés chaque année en France à des fins scientifiques… soit un quart des animaux utilisés au sein de l’Union européenne ! « Ces données très élevées surprennent par leur stabilité au moment où des alternatives se développent et devraient limiter le nombre d’animaux utilisés », s’étonne Christophe Marie.
Neuf médicaments sur 10 testés sur les animaux jugés inefficaces
Mais derrière ces chiffres, c’est bel et bien un autre constat qui a mené Paris à investir : selon les recherches de la FDA (Food and Drug Administration) - la Haute Autorité de Sécurité Sanitaire aux États-Unis- neuf médicaments sur dix jugés efficaces lors des tests sur les animaux échouent lors des essais cliniques sur l'homme. Soit 90 % d’expérimentations menées sur les animaux qui… ne mènent à rien ! « En droit national et européen, les animaux sont reconnus comme des êtres sensibles. Mais derrière les murs des laboratoires, force est de constater qu’ils ne sont qu’outils de Recherche », déplore le Directeur des Affaires nationales et européennes de la Fondation 30 Millions d’Amis.
Le développement de nouveaux modèles est important pour la souveraineté nationale en matière de santé publique.
Xavier Gidrol, CEA
L’appel du Parlement européen pour la fin de l’expérimentation animale – via une résolution du 16 septembre 2021 – répond à une attente formulée par l’opinion publique. En 2021, une Initiative Citoyenne Européenne (ICE) rassemblait plus d’1,2 million de signatures pour demander à la Commission européenne de « s’engager en faveur d’une Europe sans expérimentation animale ». Un appel entendu, puisque la Commission européenne avait répondu et proposé cinq axes pour accélérer l'abandon progressif de l'expérimentation animale. « La plupart des décideurs sont conscients que le développement de ces nouveaux modèles est important pour la souveraineté nationale en matière de santé publique », confie à 30millionsdamis.fr Xavier Gidrol, Directeur de Recherche au Commissariat à l’Energie Atomique (CEA).
Une nouvelle génération de chercheurs plus sensibles aux animaux
Actuellement, le programme est orienté vers la médecine personnalisée, c’est-à-dire des soins de santé ajustés au diagnostic du patient. « Aujourd’hui, dans le cas du cancer par exemple, les souris PDX [des souris immunodéprimées qui subissent plusieurs greffes de cellules humaines : ndlr] restent peu adaptées à l’urgence d’un traitement anti-cancéreux, poursuit le spécialiste. Elles pourraient par exemple être remplacées par des organoïdes-sur-puce d’ici la fin du programme. » Pour le directeur de recherche, le développement d’alternatives à l’expérimentation animale repose désormais sur « une certaine lucidité des chercheurs confrontés aux limitations des modèles traditionnels, comme le rat et la souris, et l’arrivée d’une nouvelle génération de chercheurs plus sensible à la cause animale ».
Des chiens beagles et golden retrievers toujours sacrifiés
Pour autant, la fin de l’expérimentation animale ne concernerait pas tous les animaux utilisés pour la Science. Alors que le développement d’alternatives s’accélère, de nouveaux projets d’élevages se développent en France, tels que l’agrandissement d’un centre d’élevage de primates à Rousset (13) annoncé par le CNRS en septembre 2024. « En plus de cela, les élevages de chiens pour les laboratoires se portent bien en France avec des milliers de beagles et golden retrievers répartis entre l’élevage de Mézilles (Yonne) et celui de Gannat (Allier), précise Christophe Marie. Les animaux ne sont donc pas prêts, hélas, de sortir des laboratoires d’expérimentation. » Le combat doit donc se poursuivre et s’intensifier.
Une attente sociétale forte
D’autant plus que ce sujet constitue une attente sociétale extrêmement forte : selon le baromètre 2025 de la Fondation 30 Millions d’Amis, réalisé conjointement avec l’Ifop, 86 % des Français s’opposent à l’expérimentation animale, dès lors que des alternatives existent. À ce titre, la Fondation 30 Millions d’Amis profite d’un calendrier européen propice à une révision de la réglementation sur l’expérimentation animale pour agir auprès des instances européennes en multipliant les échanges avec les eurodéputés.
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