En mai 2024, dans le département de la Gironde, deux ânesses ont été victimes d’un empoisonnement. Le coupable ? Un morceau d’if, plante hautement toxique, balancé dans leur enclos par quelqu’un de bien intentionné au départ. Marina, leur propriétaire, raconte cet épisode à 30millionsdamis.fr. À la suite de cela, elle veut sensibiliser : « ne rien jeter aux animaux sans prévenir ».
Attention quand vous nourrissez des animaux dans des prés, cela peut être dangereux. Deux ânesses en ont fait les frais il y a deux mois, dans le département de la Gironde (33). C’est Marina, leur maîtresse, qui a fait la triste découverte. Elle gère une ferme thérapeutique sur plusieurs hectares, comptant près de 150 animaux (ânes, poneys, chèvres ou encore canards, la liste est longue…), et intervient auprès de différents publics via son association Amaia.
« De la méconnaissance »
Le 14 mai 2024, la jeune femme retrouve Belle et Ilun (9 et 11 ans) sans vie. Que s’est-il alors passé ? « On a une petite route qui passe le long de la propriété et les gens ont l’habitude de venir se promener, montrer les animaux aux enfants », explique Marina à 30millionsdamis.fr. Jusque-là tout va bien, mais « les gens ont commencé à balancer des choses comme des sacs de pain (avec du pain de mie moisi encore dans l’emballage), ils nous laissent les sacs, des croissants, il y a de tout. » Cette fois-ci, des branches d’if ont été retrouvées près des corps, une plante hautement toxique. « D’après la vétérinaire ça ne fait aucun doute, elles sont décédées après en avoir mangé. »
Après Noël, ce sont les sapins qui sont souvent balancés dans les prés des chèvres, qui viennent grignoter. Moins dangereux que l’if certes, mais la négligence des personnes est à souligner. « C’est quelqu’un qui doit avoir un if, qui se l’est taillé et qui s’est dit « ça nourrira les animaux, ça m’évite d’aller à la déchetterie, c’est gagnant-gagnant ». Je pense qu’il ne pensait pas du tout à mal, c’est juste de la méconnaissance », résume Marina, qui lui en veut tout de même.
L’if, une plante très dangereuse pour les animaux
« L’if est un poison foudroyant, même pour l’homme, mais nous on ne mange pas d’arbre. »
Gilles Lemaire, ânier professionnel
« L’if est un poison foudroyant, même pour l’homme, mais nous on ne mange pas d’arbre », explique Gilles Lemaire, ânier professionnel depuis 20 ans et guide de pays, contacté par 30millionsdamis.fr. Il pratique depuis tout petit les plantes médicines. « Il faut une petite branche de 10 cm pour tuer un âne par exemple. On en trouve dans les châteaux et les parcs, en décoration de maison sous forme de haies. » Un manque de chance pour les animaux de Marina, conséquence d’un manque de connaissance du grand public sur les dangers des plantes.
« L’herbe tondue, c’est très toxique aussi, rappelle Charlène Mattei, vétérinaire équin, également contactée par 30millionsdamis.fr. Il faut aussi éviter de leur donner des coupures d’arbustes et d’arbres de maison. » Et pour semer encore plus la confusion, il y a le cas des « plantes jumelles », « l’acacia et le robinier faux-acacia qui se ressemblent beaucoup, ce dernier est très toxique. »
Ne rien donner sans savoir
Le conseil alors, lorsque vous croisez des chevaux ou des ânes lors de vos balades, « ne rien leur donner. En tout cas pas sans l’accord du propriétaire car on n’est pas au courant des problèmes qu’ils peuvent avoir », insiste Charlène Mattei. Et même si c’est pour donner des carottes ou des pommes. « Pour un cheval qui a du mal à mâcher par exemple, il peut faire un bouchon œsophagien pouvant entrainer un pronostic vital. »
Dans le même département que Marina, Corine a, elle aussi, perdu des animaux (moutons) il y a une dizaine d’années. D’après le rapport vétérinaire, ils auraient été victimes d’un empoisonnement. « Involontaire j’imagine », confie Corine à 30millionsdamis.fr. Deux options pour elle donc : soit quelqu’un leur a donné quelque chose à manger qui n’était pas bon pour eux, soit ils ont mangé un aliment en trop grande quantité, avant d’en mourir.
« Ça il faut le savoir, quand on n’est pas au courant, on ne pense pas qu’un mouton puisse mourir d’avoir trop mangé », confie la Girondine, qui a régulièrement pu voir des personnes donner des pommes ou de l’herbe de tonte à ses chevaux, avant de les réprimander.
Des panneaux explicatifs pour informer
De son côté, Marina en a plus que marre de voir ses animaux mourir. Ses moutons elle aussi en 2020, puis ses ânesses cette année… Elle a alors décidé d’installer plusieurs panneaux explicatifs aux abords des prés pour prévenir les gens. « Avec des informations sur les équidés, sur ce qu’ils ne peuvent pas manger, sur les dangers que représentent certains aliments pour eux », explique-t-elle.
Marina a installé des panneaux comme celui-ci aux abords de ses prés pour informer les gens. /©Marina
Même procédé pédagogique pour les ruminants, en expliquant les fonctionnements des estomacs des vaches, moutons ou encore chèvres. Sans oublier les panneaux pour les volailles, palmipèdes, rappelant une règle essentielle : « ne pas donner de pain aux canards ».
Avec ces informations, elle a laissé son numéro de téléphone au cas où, et ça marche ! « J’ai déjà reçu des appels de gens qui étaient devant mes animaux et qui voulaient leur donner à manger, j’ai donc pu leur donner des conseils en direct. Je préfère recevoir des appels en pagaille plutôt que de retrouver des cadavres dans les prés. » Elle mise donc tout sur la pédagogie. Pour rappel, en juin 2024, en Écosse, un célèbre cerf a dû être euthanasié car les touristes lui donnaient trop de nourriture inappropriée. Encore un exemple de la dangerosité que représente ce genre d’actions pourtant bien intentionnées au départ.
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