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À Valence, les chats des rues ont leur « petite maison »

Alfonso Yuste Navarro, artiste-sculpteur, a réalisé cette œuvre en 2003. Une manière de mettre à l'honneur les chats errants. /©Capture d'écran Tripadvisor

Il y a près de 20 ans, l’artiste-sculpteur Alfonso Yuste Navarro a décidé de faire honneur aux chats errants. 30millionsdamis.fr est parti à sa rencontre à Valence en Espagne, pour découvrir « La Casa de los gatos » – la maison des chats – dans une ville où les félins des rues sont nombreux.

Les touristes ne la ratent pas. À Valence (Espagne), en plein cœur du quartier El Carmen et de ses rues colorées, la façade d’une habitation marquée du numéro 9 attire l’œil. Une maisonnette vraiment très petite, mesurant environ 1 mètre de haut. Il s’agit en fait d’une porte d’entrée donnant sur un abri pour chats errants.

« Ils méritaient qu’on leur fasse une maison »

Alfonso Yuste Navarro en est l’auteur. Ce Valencien de 64 ans, artiste-sculpteur, a réalisé cette œuvre il y a précisément 21 ans, en 2003. « C’est une petite reproduction des vieilles maisons typiques de ce quartier, explique-t-il à 30millionsdamis.fr. Avant, les après-midis, je voyais les chats aller prendre un peu la fraîcheur à cet endroit-là. Je me suis dit qu’ils méritaient qu’on leur fasse une maison. » Elle sera baptisée, « La Casa de los gatos », littéralement ‘’la maison des chats’’.

L'artiste-sculpteur Alfonso Yuste Navarro, pose fièrement devant son oeuvre. /©Fondation 30Millions d'Amis

Le sculpteur nous propose d’observer d’un peu plus près son œuvre. Il se penche et décrit alors comment il a constitué chaque détail : « le toit fait de plusieurs pièces en céramique », « la pierre authentique », « les fenêtres faites de marqueterie et de bois », « le petit balcon créé à l’aide d’un bout de charriot de supermarché », sans oublier une mini fontaine à droite de l’entrée « réalisée en marbre ». « Si on la connecte, il y a même de l’eau qui y coule », assure-t-il, fier de sa réalisation, saluant en même temps passants et touristes qui font la queue pour prendre des photos.

Un hommage aux chats de…1094

Puis le sexagénaire nous montre une dernière partie de cette maison à taille féline, surement la plus symbolique. Une plaque murale en céramique illustrant quatre chats au-dessus d’une inscription faisant référence à l’histoire ou à une légende, « on ne sait pas »… Une plongée dans le passé, il y a près de 1000 ans : « Je voulais mettre cette plaque pour compléter la maison. La date sur l’inscription (1094) rappelle l’époque où ce territoire était sous le règne arabe. Lorsque Le Cid est arrivé au pouvoir, il a voulu éliminer tous les chats (ndlr : animal considéré à l’époque comme proche du diable). Quatre ont survécu. »

Légende ou histoire vraie ? Cette plaque commémorative rappelle l'histoire de quatre fameux chats... /©Fondation 30 Millions d'Amis

En 2024, les chats de cette « Casa de los gatos », se montrent rarement dans la journée, préférant la tranquillité à l’intérieur de l’abri. Ils privilégient les sorties de nuit, quand la rue retrouve son calme. « Ils sont libres, ils entrent, ils sortent comme ils veulent. Et ils ne manquent pas de nourriture ni d’eau. » Une aide alimentaire apportée par les habitants, sensibles à la détresse animale dans ce quartier, comme dans d’autres : « Il y a cette tradition de protéger les chats, il y a beaucoup de personnes qui dédient de leur temps pour ça. Ils payent des choses de leurs poches avec beaucoup de volonté. »

« 500 colonies de chats vivant dans la rue »

Selon le média espagnol Cadena SER dans un article paru en août 2023, la ville de Valence « compte 500 colonies de chats vivant dans la rue, et 854 personnes qui collaborent en leur donnant à manger et en contrôlant leur évolution ». Elena et Sandra font partie de ces sentinelles. À travers leur association « El Sindigato », elles prennent soin de 17 chats pour lesquels elles ont aménagé un espace, à seulement 50 mètres de la célèbre petite maisonnette.

C’est dans cet espace clos à ciel ouvert d’environ 160 m², contenant des petits trous pour que les chats entrent et sortent comme ils veulent, que Sandra, l’acolyte d’Elena, a créé un « parc » pour que les chats s’y sentent bien. Tablettes de bois pour aménager des petits parcours, canapés, mini-lits pour le repos, abris en cas de pluie ou de froid, espaces verts pour donner un aspect plus « nature », la jeune femme a tenté d’apporter un univers agréable à « Cagney », « Constance » ou encore « Sonny », les chats de la colonie. Un endroit plus sécurisant que la rue.

L'un des 17 chats de la petite colonie d'Elena et Sandra. /©El Sindigato

S’occuper des félins, un devoir

S’occuper des félins dans les rues valenciennes, est un devoir pour Elena, qui le fait avec son association depuis 7 ans. « Tu vois des chats dans la rue qui ont faim, qui ont besoin d’aide, tu te dis ‘’je vais les aider’’, et tu commences à les aider, explique-t-elle. C’est un chemin sans retour. Quand tu commences à t’occuper d’un chat de rue, tu ne peux pas l’oublier, c’est très difficile. Émotionnellement aussi c’est dur parce que tu dois consacrer beaucoup de temps, beaucoup de travail, beaucoup d’argent… que tu n’as pas. »

À Valence, la mairie aide les associations et facilite le processus de stérilisation. Mais pour Elena, ce n’est pas assez : « Il faut faire plus ! Cela se fait à un rythme trop lent : les chats grandissent plus vite qu’ils ne sont stérilisés. » Même son de cloche pour une autre association de la ville, « Colonia Felina Parque Central de Valencia », qui confie à 30millionsdamis.fr que « l’aide de la mairie est limitée et insuffisante ! ». Elena met en avant l’exemple de Cordoue, sur le territoire espagnol, qui a mis en place « un plan de stérilisation complet et global ayant bien fonctionné ».

Selon le média espagnol Cadena SER dans un article paru en août 2023, la ville de Valence "compte 500 colonies de chats vivant dans la rue". /©El Sindigato

La quinquagénaire garde confiance. Depuis l’an dernier et notamment l’entrée en vigueur de la loi sur le bien-être animal en Espagne, la prise de conscience de ces questions importantes semble progresser selon elle. Mais elle maintient la pression sur les pouvoirs publics : « Nous voulons plus de moyens, pour stériliser davantage de chats ! » Et ainsi enrayer leur prolifération.