Le commerce des loutres asiatiques menace la survie de ces espèces. / ©Pixabay
Le renforcement de la protection de loutres asiatiques par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES) pourrait mettre fin à leur commerce. 30millionsdamis.fr fait le point sur les améliorations attendues pour cet animal menacé, notamment, par l'engouement sans borne qu'il suscite.
Boire un café en compagnie de loutres… Cette situation incongrue chez nous, mais très prisée dans certains pays d'Asie, est pourtant l’une des causes du déclin de la population de ces mammifères. Au cours de ces 30 dernières années, leur effectif a chuté d’au moins 30% : un effondrement lié tant à la perte de leur habitat... qu’à leur commerce.
La loutre cendrée et la loutre d’Asie à pelage lisse sont en effet très recherchées dans certains pays asiatiques. Tuées pour leur peau revendue sur Internet, elles sont également utilisées pour le divertissement dans des émissions télévisées, ou pour divertir les consommateurs dans des « cafés à loutres » fonctionnant sur le même modèle que les « bars à chats ». Les clients y viennent pour se sustenter en leur compagnie et les bombardent de selfies… En quelques années, une dizaine de « cafés à loutres » a fleuri au Japon. Un engouement tel que de nombreux particuliers ont fait des loutres leurs « animaux de compagnie ».
Or, « dès lors qu’elle implique un prélèvement dans la nature, l’utilisation des loutres à des fins d’animaux de compagnie nuit à la conservation de ces espèces, fustige Loïs Lelanchon, chargé du programme de sauvetage d’animaux sauvages chez IFAW (Fonds international pour la protection des animaux). Leur tentative de domestication est également très attentatoire à leur bien-être ». En effet, ce commerce implique souvent que les loutres adultes soient tuées pour permettre la vente de bébés, plus facilement imprégnables (à des prix pouvant atteindre 10.000 dollars !). Une fois chez leurs nouveaux « maîtres », les loutres ne peuvent assouvir leurs besoins naturels ; le pelage et le mode d’alimentation étant liés au milieu aquatique. « Les loutres demeurent des animaux sauvages. Leurs impératifs biologiques spécifiques ne peuvent être satisfaits par des particuliers qui, la plupart du temps, les ignorent, confie l’expert. En outre, il est impossible de savoir si les méthodes d’apprivoisement utilisées sont douces ou dures ».
La forte exploitation dont elles sont ainsi victimes, conjuguée à la dégradation et à la perte de leur habitat, explique la chute de leur population. C’est pour pallier cet effondrement que la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES) a voté, le 28 août 2019, l’interdiction du commerce des loutres cendrées et loutres à pelage lisse.
« Leur transfert de l’Annexe II à l’Annexe I devrait avoir des conséquences positives pour ces animaux qui bénéficieront du plus haut niveau de protection, analyse Loïs Lelanchon. L’inscription à l’Annexe I doit pousser les autorités à accorder plus d’importance à ces espèces et à exercer un contrôle plus approfondi ». Mais comme le nuance L. Lelanchon, seul un engagement politique fort permettra d’endiguer le commerce international dont elles sont victimes : « Il appartient aux Etats concernés de jouer le jeu lorsqu’ils transposeront, dans leur droit interne, les décisions de la 18ème Conférence des Parties (COP18) ». A défaut, l'espèce pourrait disparaître d'ici quelques années...
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