« Cru », « sans gluten », « sans céréales »… Nos régimes à la mode s’invitent aussi dans les gamelles de nos animaux de compagnie. Avec le Dr Lætitia Barlerin, 30millionsdamis.fr relativise les bienfaits de ces tendances alimentaires sur la santé de nos compagnons.
Essentiellement constitué de viande crue, le BARF (traduction anglaise de « nourriture crue biologiquement appropriée »), né en Australie puis popularisé en Europe et aux Etats-Unis dans les années 2000, est un régime qui fait son apparition dans les foyers français. Or, par souci de facilité et de rapidité – et surtout pour réduire le coût ! – les maîtres se tournent généralement vers des préparations industrielles, sans avoir conscience du danger potentiel qu’elles représentent pour l’animal… et pour eux-mêmes.
Le cru, un risque sanitaire majeur
Les sachets de viande crue congelée posent en effet un risque sanitaire majeur, selon une récente étude suédoise. Sur 60 paquets analysés, plus de la moitié contenait des bactéries à des taux supérieurs au seuil européen autorisé ! Parmi elles, des salmonelles et des Campylobacter, sources de sévères troubles digestifs. « En nous léchant, le chien ou le chat peut transmettre aux humains la salmonellose, prévient le Dr Lætitia Barlerin, vétérinaire. Or, avec ces produits industriels dont on ignore l’origine et les conditions sanitaires, le risque de contamination est accru ». Autre écueil associé au BARF, les maîtres qui le pratiquent excluent souvent les légumes. Or, ce sont « d’importantes sources de fibres, qui nourrissent la flore digestive de nos animaux ».
Le BARF repose en effet sur une croyance tenace : le chien ne serait rien d’autre qu’un loup, et seule la viande suffirait à son organisme… « Cela fait plus de 15 000 ans que le chien a évolué avec nous, et son système digestif s’est adapté aux aliments que nous lui donnions », dément le Dr Barlerin. Si le chat est un carnivore strict et doit donc trouver dans sa ration une forte quantité de viande, abats et/ou poisson, le chien peut quant à lui tolérer – selon sa santé, son âge et son activité physique quotidienne – un régime moins riche en aliments carnés, voire végétarien.
Nul besoin de bannir les céréales
Ces millénaires de vie commune et de repas partagés expliquent également pourquoi les régimes « sans céréales » ne présentent pas de réel intérêt pour nos animaux de compagnie. « Les céréales (blé, riz…) sont source d’amidon – une substance indispensable à la fabrication de la croquette – que les chiens et les chats digèrent, à un certain niveau. Le chat y étant moins tolérant que le chien, le taux d’amidon doit être très bas », explique le Dr Barlerin. Or, les croquettes dépourvues de céréales remplacent celles-ci par des sources alternatives d’amidon : pomme de terre, patate douce ou légumineuses (pois ou haricots). Ces dernières, souvent mal tolérées, peuvent provoquer des flatulences ! Sauf en cas d’intolérance avérée, il est donc inutile d’exclure totalement les céréales – le riz étant la plus digeste d’entre toutes – de l’alimentation de nos compagnons.
De même, le « sans gluten » serait davantage une mode qu’une alternative santé crédible : « L’intolérance au gluten n’a été identifiée que sur certaines lignées de setter irlandais et sur quelques border terriers », minore le Dr Barlerin. Végétarienne, crue, faite maison, pâtée ou croquettes… quelle que soit la recette, il y a une règle d’or à respecter selon la praticienne : « s’assurer auprès de son vétérinaire que le régime choisi est adapté à la race, à l’âge et à la santé de son animal. »
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