L'utilisation de deux ULM en juin 2018 avait effrayé environ 8 000 flamants roses en période de couvaison. / ©AdobeStock
Le tribunal correctionnel de Nîmes (30) a condamné la société Radar Film pour "destruction non autorisée d'œufs ou de nids" de flamants roses. L'espèce, protégée, était en pleine période de couvaison lors d'un tournage réalisé en Camargue gardoise, seul site de nidification en France des flamants roses.
Radar Film, la société productrice du long métrage "Donne-moi des ailes" de Nicolas Vanier, a été jugée coupable vendredi 11 avril de la destruction de 520 oeufs de flamants roses de Camargue lors du tournage du film en 2018, avec des ULM. Le tribunal correctionnel de Nîmes (30) a condamné Radar Film à 50.000 euros d'amende pour la "destruction non autorisée d'oeufs ou de nids" d'une espèce protégée, et à 2.000 euros supplémentaires pour la "perturbation volontaire" et l' "atteinte à la conservation" de ces mêmes flamants roses. Une partie du tournage de ce film, qui avait fait 1,5 million d'entrées en 2019, avait eu lieu en Camargue gardoise, au coeur d'une zone Natura 2000 abritant le seul site de nidification en France des flamants roses.
Les 6 et 7 juin 2018, deux ULM (ultralégers motorisés) de la production avaient survolé à basse altitude quelque 8.000 flamants roses en pleine période de couvaison. Effrayés, les oiseaux s'étaient envolés, détruisant leurs nids dans la panique et abandonnant les oeufs. Environ 520 oeufs, soit 11,5% de la reproduction annuelle en France de cette espèce protégée, avaient ainsi été perdus. À l'audience début mars 2025, le parquet avait requis de "80.000 à 100.000 euros" à l'encontre de Radar Film, fustigeant sa "méconnaissance des enjeux environnementaux". Dans son jugement, qui devra être publié notamment dans les Cahiers du Cinéma, le tribunal a accordé 10.000 euros de dommages moraux à six ONG parties civiles, ainsi que 2.000 euros à l'association Robins des bois pour réparation du préjudice écologique. Plus de 400.000 euros de dommages moraux et de dommages environnementaux avaient été réclamés à l'audience par les parties civiles.
Radar Film avait plaidé la relaxe, rejetant la responsabilité de l'incident sur son prestataire chargé de piloter les ULM.Le réalisateur Nicolas Vanier, ainsi que le pilote de l'ULM qui s'était le plus approché des oiseaux et le directeur de la photographie, qui se trouvait à bord, avaient bénéficié d'un non-lieu à l'issue des six années d'instruction. Tout en jugeant l'amende de 50.000 euros "un peu légère", Simon Popy, président de France Nature Environnement Occitanie-Méditerranée (FNE-OccMed), a estimé qu'un "message" était adressé aux producteurs de films animaliers et aux utilisateurs de drones: "Il faut écouter les gestionnaires d'espaces naturels quand ils vous disent qu'il y a des sites qu'il ne faut pas fréquenter ou qu'il faut éviter à certains moments car ils sont très sensibles pour la faune".
(Avec AFP)
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