L'ONU a publié la première carte des migrations des mammifères à sabots. Un outil en ligne précieux qui vise à contribuer à une meilleure conservation de ces espèces. 30millionsdamis.fr a joint Simon Chamaillé-Jammes et Anne Loison, chercheurs au CNRS et co-créateurs de la carte.
Une aide supplémentaire pour la conservation des animaux. Début septembre 2024, les Nations Unies ont publié un atlas interactif cartographiant sur les différents espaces de migration d'ongulés. L'objectif : offrir aux décideurs ou aux grosses institutions finançant des infrastructures de transports (l’une des plus grandes menaces sur les animaux migrateurs) un outil simple et consultable. Idéal pour planifier au mieux les projets tout en respectant la faune sauvage.
Atlas of Ungulate Migration / ©Convention on the Conservation of Migratory Species of Wild Animals (CMS)
20 populations d’espèces cartographiées
« Ce n’est pas un suivi en temps réel des migrations, qui resterait très compliqué à mettre en place. L’idée est de parvenir à quelque chose d’évolutif, qui va être enrichi petit à petit avec l’information qu’on arrive à collecter », explique Simon Chamaillé-Jammes, directeur de recherche au CNRS, contacté par 30millionsdamis.fr.
À ce jour, l’atlas cartographie en détails les grands corridors empruntés par 20 populations mondiales d’espèces sauvages, du gnou emblématique des plaines de Tanzanie à l'éléphant d'Afrique, en passant par les bouquetins des Alpes. « L’atlas est là pour démontrer que les animaux se déplacent », ajoute Anne Loison, directrice de recherche au CNRS, qui étudie depuis des années les ongulés en France et à l’étranger, jointe par 30millionsdamis.fr
« Il est essentiel de connaître les routes empruntées par les animaux lors de leurs migrations pour mieux comprendre ce que nous devons faire pour leur conservation », précise Amy Fraenkel, secrétaire exécutif de la Convention sur la conservation des espèces migratoires (CMS) de l'ONU, dans un communiqué de presse. Ainsi, cette carte pourrait faciliter la conception de nouveaux chemins de fer ou de nouvelles voies routières sans entraver les déplacements de la faune sauvage.
Les habitudes du cerf identifiées dans le Haut-Jura
En France, les données récoltées par l’atlas prouvent des distances assez courtes effectuées par le cerf et le bouquetin. « Ces animaux de montagne vivent toute l’année dehors, sans personne pour leur donner du foin l’hiver. Par conséquent, ils se focalisent sur de la nourriture de très bonne qualité, les amenant à des migrations saisonnières, souligne Anne Loison. Ces déplacements restent indispensables à la persistance de ces populations. Il faut laisser ces animaux migrer d’une région à une autre selon les saisons, afin de favoriser la biodiversité en montagne. »
©Convention on the Conservation of Migratory Species of Wild Animals (CMS)
Néanmoins, si certains grands mammifères couvrent de grandes distances « imprévisibles », le cerf semble préférer se réfugier dans le Haut-Jura entre deux saisons. « Alors que le cerf avait disparu du massif du Jura, on assiste depuis plusieurs décennies à une recolonisation de cette partie de la chaîne montagneuse », souligne l’Office français de biodiversité (OFB) dans un dossier consacré sur les déplacements du cervidé.
Des passages à faune pour sécuriser les déplacements d'animaux sauvages
Alors, quelles solutions pour ne pas perturber le parcours de ce cervidé, parcourant en moyenne une distance de 10km ? « C’est court à vol d’oiseau, mais ça ne veut pas dire « pas important en terme alimentaire », nuance la chercheuse. Si la carte offre une meilleure vision sur les mouvements de ces espèces, de plus en plus d’infrastructures aident la faune sauvage à traverser nos routes et, ainsi, facilitent la conservation de la biodiversité. Parmi elles, les passages à faune, aussi appelés écoponts, sont construits au-dessus – et en dessous – des voies de circulation pour permettre à tout type d’espèce de rejoindre d’autres espaces naturels.
Pour faciliter davantage le déplacement des grands mammifères, une mise à jour de l’atlas « devrait apparaître en fin d’année, confie le directeur de recherche au CNRS. On espère en rajouter entre 10 et 20 supplémentaires ».
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