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Débat

Annulation des corridas : le Mexique ose !

Déjà frappée par un désintérêt croissant, la corrida vient d'être touchée par l'annulation de la saison 2022/2023 dans les plus grandes arènes du pays... et du monde./©Adobe Stock-Rafael Ben-Ari

Face à l’immobilisme politique au Mexique, la décision d’un juge d’annuler la saison de corrida dans les plus grandes arènes du monde a lourdement fragilisé le secteur taurin. Dans ce pays où la pratique reste ancrée, l’espoir d’une abolition est désormais permis. Un effet domino à venir ? 30millionsdamis.fr fait le point.

Et si le Mexique devenait le prochain pays à interdire la corrida ? Alors que la France a raté l’occasion de ranger définitivement les banderilles – après la proposition de loi avortée d’Aymeric Caron (LFI) – d’autres pays font un (grand) pas vers l’abolition.

« Historique »

C’est le cas du Mexique - 2ème pays de corrida derrière l’Espagne - où le juge Jonathan Bass a « définitivement annulé » la saison 2022/2023 de La Méxica, les plus grandes arènes du monde ! Avec leurs 41 000 places assises et leur capacité dépassant les 50 000 places, les arènes de la capitale México ne devraient pas voir de sang couler de la saison malgré tous les recours d’appel. Pointant « la douleur excessive de l’animal », le juge a estimé que « la société veut aujourd’hui que l’on respecte l’intégrité physique et émotionnelle de tous les animaux ». Un baisser de rideau qui sonne comme un tremblement de terre dans le monde taurin. Et pour cause, il s’agit d’une première depuis 1946 !

 

« Aujourd’hui la société veut que l’on respecte l’intégrité physique et émotionnelle de tous les animaux.
Jonathan Bass – Juge fédéral Mexico

« C’est historique, souligne Arturo Berlanga, directeur exécutif de l’association AnimaNaturalis Mexique joint par 30millionsdamis.fr. Jamais, en plus de 70 ans, la Plaza de toros – la plus grande au monde – n’avait été exempte de corridas. Et ce n’est pas terminé. Nous sommes convaincus qu’au Mexique, l’abolition de la corrida interviendra par la décision des juges et non de la classe politique ».

La voie judiciaire, arme fatale contre la corrida ?

Une classe politique en rupture avec l’opinion publique sur le sujet. Selon les derniers sondages, 8 Mexicains sur 10 rejettent les corridas : « Au Mexique, beaucoup estiment effectivement que la voie politique ne peut plus fonctionner, observe Roger Lahana, président de l’association No Corrida - partenaire de la Fondation 30 Millions d’Amis. Des blocages continuels, des intérêts communs et l’ombre de la corruption empêcheraient une évolution en faveur de l’abolition. C’est donc via des procédures juridiques que l’espoir semble permis. »

Des Etats ont ouvert la voie

Sur les 32 Etats mexicains, 5 avaient auparavant interdit la corrida. Le premier d’entre eux - Sonora - a profité d’une loi de protection animale pour interdire les « spectacles » tauromachiques en mai 2013. « Le plus important est que les corridas soient interdites, avait tonné le député écologiste Vernon Pérez Rubio Artee au Congrès local. C’est une demande urgente des habitants de Sonora. » Les États de Guerrero (juillet 2014), Coahuila (août 2015), Quintana Roo (juin 2019) et Sinaloa (2021) ont suivi le même chemin.

Bien qu’ancrée, la corrida s’essouffle

Pour autant, les obstacles à franchir restent nombreux pour rallier tout un pays. 7 États ont protégé la corrida en la qualifiant de patrimoine culturel. 600 événements taurins ont encore lieu à l’année dans le pays. Mais cela n’éteint pas l’espoir des associations de protection animale. « 15 ans plus tôt, il y avait plus d’un millier d’événements, rappelle Arturo Berlanga. On sent bien que les Mexicains se désintéressent de plus en plus de la corrida. Malgré la capacité de 40 000 places assises de la Plaza México, elle n’attire que 3000 aficionados. En comparaison, un match de tennis de Rafael Nadal a été joué à guichets fermés ! »

 

« Dans aucun autre pays, le secteur taurin a été autant frappé qu’au Mexique.
Arturo Berlanga – Dir. AnimaNaturalis

Un désintérêt croissant qui devrait accélérer les actions pour l’interdiction dans le pays. « Au Mexique, le chemin n’est pas si long, promet Arturo Berlanga. Nous pouvons désormais voir l’horizon de la fin de ces spectacles qui font honte à l’être humain. Nous avons bon espoir d’être le prochain pays à prendre ce virage. Dans aucun autre pays, le secteur taurin a été autant frappé qu’au Mexique. » Au-delà du cas mexicain, la corrida semble à l’agonie dans d’autres pays d’Amérique latine comme le Vénézuela, l’Équateur et la Colombie.

« Ce qui se passe au Mexique est extrêmement positif, note Roger Lahana. Le jour où ça s’écroule dans un pays, nous pourrions assister à l’effondrement de ce château de cartes. »

En France, la balle dans le camp politique

De là à espérer une telle issue en France où la corrida persiste dans une minorité de communes ? « Ce qui se passe au Mexique n’est pas transposable avec la France, tempère Roger Lahana. Chez nous, la voie juridique reste bouchée. Notre seule issue, et on l’a vu avec la proposition d’Aymeric Caron, c’est par les députés. » En novembre 2022, le député LFI avait réussi à amener à l’Assemblée nationale la question de l’interdiction de la corrida, mais l’obstruction parlementaire avait eu raison de sa proposition de loi.

Un blocage (pour l’instant) politique qui – là aussi – diverge avec la volonté de la population. En France, près de 8 sondés sur 10 demandent l’abolition de la corrida (baromètre 2022, Fondation 30 Millions d’Amis - IFOP).

La pétition de la Fondation 30 Millions d’Amis pour l’interdiction de la corrida approche les 450 000 signatures ! Ces signaux toujours plus nombreux démontrent que la fin de cette pratique cruelle est inéluctable.