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Débat

« Libé » traite de l'expérimentation animale et dérange... preuve qu’il vise juste ?

Photo parue dans le "Libé des animaux" des 10-11 novembre 2022. ©Soko/Cruelty Free Int/L214.

Le journal Libération consacre une bonne partie de son dernier « Libé des animaux » à l’expérimentation animale, dont le contenu est violemment critiqué par les défenseurs de cette méthode. Pour la Fondation 30 Millions d’Amis, la discussion autour de l’expérimentation animale est pourtant indispensable, pour qu’elle soit enfin abandonnée au profit de méthodes substitutives.

« L’expérimentation représente la plus crispante des questions liées à la condition animale » : tels sont les mots de Libération pour évoquer la souffrance des animaux objets d’expérimentation à visée scientifique ou médicale. Et les faits rapportés par le quotidien, certes pas inédits, sont en effet pour le moins « crispants ». Pourtant, le numéro spécial est loin d’être un réquisitoire. On peut ainsi regretter qu’il exclue d’emblée le débat sur la nécessité même de l’expérimentation animale, alors que la question de son interdiction peut être posée. En outre, comme le souligne à 30millionsdamis.fr Roland Cash, médecin, pharmacologue et vice-président de l’association Transcience « l’existence de solutions alternatives à l’expérimentation animale y est très peu évoquée, probablement du fait des contraintes inhérentes à la presse écrite ».

 

 La règle des 3R : Réduire, Remplacer, Raffiner.

Globalement, la visée de Libération est plutôt de vérifier que les « 3R » (Réduire, Remplacer, Raffiner : soit le fondement éthique de l’expérimentation animale) sont bien respectés. Des principes défendus par les chercheurs eux-mêmes, et par ailleurs repris dans la directive européenne de 2010 qui vise à réglementer les pratiques. Ce qui n’a pas empêché le GIRCOR (Groupe Interprofessionnel de Réflexion et de Communication sur la Recherche, qui défend la nécessité de l’expérimentation animale) de publier un communiqué lapidaire déplorant un numéro « très orienté », s’interrogeant même explicitement sur le point de savoir s’il s’agit de « journalisme ou de militantisme ».

Manque de transparence

Pourtant, le travail effectué par « Libération » est plutôt d’ordre factuel. Il interroge ainsi les chiffres officiels comptabilisant le nombre d’animaux concernés. En recoupant les données du Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (MESRI), Libération arrive à un total d’environ 3,7 millions d’animaux concernés pour l’année 2020, dont 1,6 sont effectivement utilisés par les laboratoires. Ces chiffres n’étant pas à ce jour contestés, il est difficile d’y voir une démarche militante.

De même, Libération souligne qu’il est très difficile d’obtenir les rapports d’inspection établis par les services des ministères compétents pour contrôler les structures de recherche qui utilisent des animaux… alors même que leur transmission sur demande est, à ce jour, une obligation légale qui s’impose à l’administration. Là encore, l’affirmation n'est pas contestée. Plus globalement, le numéro s’appuie largement et explicitement sur une étude réalisée par Pauline Türk, professeure de droit public reconnue. Cette étude critique à la fois le manque de transparence et le non-respect, par certains établissements pratiquant l’expérimentation animale, de certaines obligations juridiquement contraignantes. Ce travail n’a non seulement pas été contesté par le GIRCOR, mais il l’a même qualifié de « rigoureux » dans un communiqué.

Refus du dialogue

En réalité, cette accusation de « militantisme » semble mal cacher ce qui n’est, simplement, qu’un refus d’être trop exposé à la critique : Libération n’a effectivement  pas la même audience que Pauline Türk… Il aurait pourtant été intéressant que le GIRCOR réponde, et pas seulement par un communiqué d’une dizaine de lignes : certains des tests évoqués ne sont-ils pas extrêmement cruels ? Les animaux ne souffrent-ils pas? L’essentiel ne se passe-t-il pas à l’abri des regards ?

Le numéro spécial de Libération attire également l’attention sur deux élevages de chiens, essentiellement des beagles, destinés à être vendus aux laboratoires. Les journalistes du quotidien précisent bien qu’ils n’ont pu visiter les installations et que  leurs affirmations sont donc appuyées sur d’autres sources, mais le fait est que les conditions d’élevage rapportés posent question : 2m² par chien, des femelles enchaînant les portées… Si cela est vrai, pourquoi le GIRCOR refuse d’en discuter ? Et si cela est faux, pourquoi l’organisme ne cherche-t-il pas à le prouver ? 

Des méthodes substitutives

Selon Roland Cash, « ce numéro de Libé fait parler tout le monde »… et c’est sans doute là qu’est le problème pour les défenseurs de l’expérimentation animale. « Quand le GIRCOR est, par exemple, invité seul sur France inter, sans contradicteur, il trouve ça très équilibré », ironise le vice-président de Transcience qui admet sans détours que le numéro spécial est peut-être « légèrement en faveur de la cause animale ». Il rappelle cependant que lorsque le sujet est évoqué dans les médias, le déséquilibre est souvent très nettement dans l’autre sens. La Fondation 30 Millions d’Amis, qui lutte pour qu’un terme soit mis à l’expérimentation animale, est engagée avec divers partenaires pour faire émerger des méthodes substitutives.