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Insolite

Un son « planant » : des artistes électro s’inspirent des chants d’oiseaux menacés

Captés dans la nature par des ornithologues passionnés, les chants des oiseaux se mêlent aux percussions selon l'inspiration des artistes. ©Christoph Moning

Composer des morceaux à partir de chants d’oiseaux menacés : un collectif de musiciens, de producteurs et de DJ s’est pris au jeu de ce défi artistique, avec l’objectif de lever des fonds pour la préservation de ces espèces endémiques du Mexique, d’Amérique centrale et des Caraïbes. 30millionsdamis.fr a tendu l’oreille à leur vibrant appel.

L’électro des oiseaux fait son nid ! Intitulé « Guide des chants d’oiseaux du Mexique, d’Amérique Centrale et des Caraïbes » (A Guide to the Birdsong of Mexico, Central America & the Caribbean), cet album au titre d’ouvrage naturaliste invite à une plongée – non pas visuelle, mais auditive – parmi les oiseaux tropicaux... dont les chants et les cris d’alerte résonnent au rythme des percussions. « L’élan principal ici est la conservation [des espèces], mais bien sûr, il y a également un challenge artistique », confie Robin Perkins, producteur et initiateur du projet, interrogé par le Guardian. Tantôt apaisantes (chill-out), tantôt dansantes, les 10 pistes correspondent chacune à une espèce menacée d’extinction.

« Il est encore temps d’agir »

Qui aurait cru que son gazouillis cristallin électriserait les dancefloors ? Endémique de la péninsule du Yucatán au Mexique et de territoires voisins situés au Guatemala et au Belize, le moqueur noir (Melanoptila glabrirostris), classé « quasi-menacé » par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), subit à la fois la perte drastique de son habitat – grignoté par les plantations agricoles – et la violence des ouragans. C’est pourquoi le groupe The Garifuna Collective, ambassadeur musical du peuple Garifuna, issu du métissage entre des esclaves africains évadés et des populations amérindiennes, a choisi de mixer à partir du chant de ce passereau au plumage d’ébène (vidéo ci-dessous).

Le touchant gazouillis du Moqueur noir (Black Catbird), habilement remixé par le groupe The Garifuna Collective. ©Shika Shika /Youtube

« Nous avons seulement présenté une dizaine d’espèces d’oiseaux, mais cela renvoie au problème plus large de la destruction des habitats à travers l’Amérique latine, alerte Robin Perkins. [...] Leurs chants pourraient bientôt n’être entendus que sur disque vinyle ou en MP3, mais il est encore temps d’agir. » Le producteur britannique n’en est pas à son coup d’essai, son label (Shika Shika) ayant déjà couvé un album inspiré des chants d’oiseaux menacés d’Amérique du Sud (2015). Rassemblant des artistes connus, tels que le DJ français d’origine équatorienne Nicola Cruz, ce précédent opus avait permis de collecter plus de 15.000 dollars US (environ 12.650 €) au profit de deux organismes de protection des oiseaux.

Le grand orchestre des animaux

Si la diffusion des chants d’oiseaux à des fins de sensibilisation peut sembler « perchée », leur étude scientifique, en revanche, fait l’objet d’une discipline à part entière : l’éco-acoustique. « Au lieu d’enregistrer les animaux solistes, [les chercheurs] captent l’orchestre, c’est-à-dire tous les sons émergeant d’un paysage naturel – une forêt, une rivière, un océan. De ces entrelacs sonores, ils extraient des informations essentielles au suivi et à la protection de la biodiversité », explique Jérôme Sueur, éco-acousticien au Muséum National d’Histoire Naturelle, dans un article publié par The Conversation. Lorsque des espèces – oiseaux mais aussi amphibiens ou insectes – disparaissent, les paysages sonores se dégradent. L’analyse des sons de la nature fournit ainsi de précieux indices sur l’état des écosystèmes et sur les menaces qui pèsent sur ceux-ci : pollution, urbanisation, changements climatiques...

Triste constat, 50 % des sons enregistrés depuis les années 1960 auraient disparu de la surface de la Terre, selon le musicien et bio-acousticien Bernie Krause, auteur de l’ouvrage « Le Grand orchestre des Animaux : célébrer la symphonie de la nature » (éd. Flammarion, 2018).

Ne restons pas sourds face au silence d’une nature à l’agonie !