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Covid-19

Recrudescence du braconnage liée à l'épidémie de Covid-19

En Afrique, les rhinocéros sont victimes d'une hausse inquiétante des attaques de braconniers dues aux mesures de confinement./©Adobe Stock-Riccardo

Si les divers bienfaits du confinement sur la faune à travers le monde ont été largement rapportés, tout n'est malheureusement pas aussi positif. Et pour cause, de nombreuses personnes, touchées économiquement par la pandémie du coronavirus, se sont tournées vers le braconnage dans plusieurs pays du monde. Un effet pervers qui accroît le préjudice dont était déjà victime la faune sauvage. 30millionsdamis.fr revient sur cette situation préoccupante.

Nous sommes-nous réjouis trop vite ? Chacun a pu se satisfaire de ces images de lions faisant la sieste en plein milieu d'une route désertée par les touristes en Afrique du Sud, d'un puma défiant les mesures de confinement au Chili ou encore de coyotes profitant d'une vue imprenable sur le Golden Gate de San Francisco.

« Beaucoup, pour pouvoir manger, se sont tournés vers le braconnage »

Malheureusement, le revers de la médaille des mesures de confinement apparaît : les actes de braconnage connaissent une hausse significative dans les pays les plus pauvres. « L'impact économique de la crise sanitaire liée au Covid-19 a laissé de nombreuses personnes sans revenu, ni emploi, analyse pour 30millionsdamis.fr Richard Thomas, porte-parole de l'ONG Traffic, spécialiste des questions autour du commerce d'animaux sauvages. Beaucoup, pour pouvoir manger, se sont tournés vers le braconnage. » Outre le facteur économique, de nombreux cas d'attaques motivées par la « peur » ont été signalés à l'ONG internationale : « Des personnes tuent des chauves-souris et des pangolins en raison de leurs liens possibles avec l'origine du virus du SRARS-Cov-2 bien que cela soit irrationnel et injustifié », regrette Richard Thomas. 

En Afrique, préoccupations autour des rhinocéros et des éléphants

En Afrique, plusieurs animaux comme les rhinocéros et les éléphants seraient particulièrement touchés. « Au Kenya, la fermeture des parcs nationaux due au confinement fait craindre une recrudescence du braconnage par pure mécanique économique, et le Botswana s'attend à faire le même constat, indique Laurent Baheux, photographe animalier spécialiste de la faune africaine que 30millionsdamis.fr avait rencontré. En effet, l'écotourisme et les safaris photos engendrent des revenus, des emplois, toute une vie économique ainsi que les financements nécessaires à la politique de conservation des espèces menacées. De plus, les braconniers évitaient les lieux fréquentés que sont ces parcs, ce qui n'est plus le cas actuellement. L'équation est donc simple : plus de touristes, ni de revenus, ni d'économie et d'emplois locaux, ni de surveillance... c'est la porte grande ouverte à toutes sortes de trafics, en particulier pour les 1 000 rhinocéros et les 34 000 éléphants qu'abrite le Kenya et qui sont classés "espèces vulnérables" par l'UICN. »

 

Le braconnage va augmenter pour les produits comme la corne de rhinocéros et l'ivoire.

Matt Brown - Nature Conservancy

Une inquiétude partagée par les ONG sur place qui concèdent que les revenus du tourisme ont été réduits de plus de moitié, dont ceux des rangers qui protègent les animaux. « Alors que les gens n'ont pas d'autres sources de revenu, notre prédiction - et nous le voyons déjà en Afrique du Sud - c'est que le braconnage va augmenter pour les produits de grande valeur comme la corne de rhinocéros et l'ivoire, s'inquiète Matt Brown, directeur de la région Afrique pour Nature Conservancy. Nous devrons être plus vigilants que jamais avec nos patrouilles de gardes forestiers pour aider à protéger ces animaux en situation critiques en ce moment. »

Par ailleurs, au moins 12 rangers ont été tués par des membres présumés d'un groupe rebelle rwandais dans le parc national des Virunga, en République démocratique du Congo. Une tuerie qui n'est pas liée au braconnage mais qui représente un terrible coup dur pour ces défenseurs de la faune.

L'oiseau national du Cambodge en danger critique, des tigres ciblés en Inde

En Asie du Sud-Est, les conséquences sont toutes aussi dramatiques. Symbole de ce phénomène, le Cambodge a été le théâtre de l'empoisonnement de trois ibis géants... alors qu'il ne reste que 300 spécimens dans tout le pays ! « C'est 1% de la population de cette espèce, qui est l'oiseau national du Cambodge et classé "en danger critique d'extinction", s'alarme Richard Thomas. Les oiseaux morts sont souvent collectés et vendus pour être consommés. C'est catastrophique car, à long terme, ces oiseaux sont des atouts incroyablement précieux pour les communautés locales. » D'après le magazine Geo, 100 tantales indiens ont également été tués dans un sanctuaire pour oiseaux.

 

La Chine reste plus que jamais une plateforme incontournable du commerce d'animaux sauvages.

En Inde, ce sont les tigres qui sont victimes des actes de braconnages. Alors que l'animal a récemment vu sa population repartir à la hausse grâce à un programme de sauvegarde poussé (2967 tigres sauvages en 2018 contre 2226 en 2014), il reste la proie de trafiquants qui répondent au marché noir des carcasses du félin, souvent commandité depuis... la Chine ! Et bien qu'elle ait interdit la vente et la consommation d'animaux sauvages, la Chine reste plus que jamais une plateforme incontournable du commerce d'animaux sauvages. « Il y a une réduction du personnel de protection en Inde qui favorise les chasses illégales, analyse pour 30millionsdamis.fr, Jose Louies, directeur de l'ONG Wildlife Trust of India. Nous avons également eu des cas de personnes chassant des cobras royaux dans le nord-est du pays ».

De même, sur l'île française de Mayotte, dans l'Océan indien, le braconnage des tortues vertes a explosé entre le 17 mars et le 26 avril. D'après un article du Parisien, « de très nombreux cadavres de tortues vertes ont été découverts sur différentes plages » et deux braconniers auraient été interpellés en possession de 65 kg de viande de tortue.

Les solutions pour enrayer cette recrudescence du braconnage à travers le monde ne sont malheureusement pas pléthoriques. « Nous devons nous attaquer à la cause sous-jacente de ce problème qui est essentiellement économique, analyse Richard Thomas. Plus tôt nous pourrons revenir à quelque chose qui approche la normalité, plus tôt le monde pourra répondre à ces priorités. » La dépendance de nombreux programmes de sauvegarde au tourisme montre également leurs limites. Nonobstant, la tempête Covid-19 n'étant pas passée, le moment de panser ces plaies ne semble hélas pas à l'ordre du jour...