L'animal est-il lui-même venu chercher les secours ? Un biologiste répond.

Le 18 février 2009, au large des côtes Australiennes, un dauphin - le dos et la tête déchiquetés par une morsure de requin - s'est approché des plages. Hasard ou coïncidence ? C'est grâce à l'intervention d'un groupe de soigneurs qu'il a pu être sauvé. L'animal est-il lui-même venu chercher le secours des hommes ? Olivier Van Canneyt, biologiste et coordinateur du réseau échouage en France pour le Centre de Recherche sur les Mammifères Marins de la Rochelle (17), répond.

Nari, le dauphin australien miraculeusement sauvé d'une attaque de requin.

Fondation 30 Millions d'Amis : Le dauphin Nari faisait partie d'un groupe de delphinidés habitués à être nourris par l'homme et à jouer avec lui au large des plages. Est-il possible que blessé, il soit venu demander des soins aux humains ? Olivier Van Canneyt : Si l'animal était déjà proche de l'homme, il est fort possible qu'il soit venu non pas "demander de l'aide", mais chercher à manger, comme à son habitude. C'est à ce moment-là que des hommes se sont aperçus qu'il avait été mordu par un requin. D'une manière plus générale, les animaux sauvages malades ou blessés préfèrent s'éloigner de leur groupe ou de leur famille car ils les mettent en danger en devenant une proie facile pour les prédateurs. F30MA : Le dauphin blessé ne recherchait donc pas forcément la présence ou la protection de l'homme ? Oliver Van Canneyt : Non. En revanche, Nari, le grand dauphin du Pacifique que l'on aperçoit sur les images du sauvetage est une espèce sociable et peu farouche. Il ne se défend pas quand on l'approche pour le soigner. Au pire donne-t-il un grand coup de nageoire caudale ! Mais il ne mord pas et n'attaque jamais. C'est aussi ce qui fait sa popularité. Je pense plutôt que ce dauphin avait associé l'homme à une source de nourriture facile et qu'il s'est naturellement tourné vers lui plutôt que d'aller chasser alors qu'il était blessé. S'il avait été totalement sauvage, il se serait échoué comme beaucoup de cétacés blessés, tout simplement parce qu'il n'aurait pas pu lutter contre les courants qui le poussaient vers le rivage. F30MA : Après une opération chirurgicale et la prise d'antibiotiques, Nari semble être tiré d'affaire et devrait bientôt retrouver son milieu naturel. Y a-t-il des échouages de ce type le long de nos côtes ? Olivier Van Canneyt : Il y a effectivement des échouages de dauphins le long de nos côtes, ou des piégeages à marée basse dus à des installations humaines. Mais les sauvetages réussis sont rares : seulement 15 cas par an sur les quelques 500 échouages que nous comptabilisons. F30MA : Pourquoi ? Olivier Van Canneyt : Parce que les dauphins que nous croisons aux larges de nos côtes Atlantiques ou dans la Manche sont beaucoup plus craintifs et sensibles au stress que le grand dauphin du Pacifique, dont le plus célèbre représentant est Flipper. La moindre interaction humaine avec ces animaux fragiles nerveusement peut leur être fatale. Ce que nous essayons de faire, lorsque nous sommes confrontés à un échouage de ce type, c'est de soigner les bêtes qui peuvent l'être sur place, puis de les renflouer vers le large le plus rapidement possible. Notre but étant, avant tout, de les rendre à leur élément : la mer. Pour regarder la vidéo du sauvetage de Nari, cliquer ici...