Chaque mois, 30millionsdamis.fr donne la parole à une personnalité impliquée dans la protection des animaux et de la nature. Irène Frain, membre du jury du Prix Littéraire 30 Millions d’Amis, évoque sa passion pour les chats, évoquée dans son dernier ouvrage, « Beauvoir in love » (Ed. Michel Lafon).

Fondation 30 Millions d’Amis : Votre roman, qui décrit la passion entre Simone de Beauvoir et Nelson Algren, revient sur l’amour que ce dernier portait aux chats. Pourquoi avoir choisi de traiter cet aspect moins connu chez cet écrivain ?
Irène Frain : De cette histoire d’amour, seule la version donnée par Simone de Beauvoir est connue. Je me suis donc rendue à l’université de Columbus, aux Etats-Unis, pour approfondir mes recherches. J’ai découvert que celui qui a été son amant pendant plus de 15 ans était surtout un grand amoureux des chats ! Il terminait chaque dédicace par un dessin de chat. Il a toujours vécu avec des félins à ses côtés et se définissait comme un « Baudelaire de bonne humeur », lui-même célèbre pour l’affection qu’il portait aux chats... Ce qui est intéressant, c’est qu’en réalité, Simone de Beauvoir détestait les chats ; elle les a supportés par amour pour Nelson, alors qu’elle éprouvait une véritable phobie.

F30MA : Ce n’est pas la première fois que vous abordez les relations entre les hommes et les animaux dans vos romans. Qu’ont-elles de si particulier à vos yeux ?
I. F. : Je crois qu’on peut estimer la valeur d’une personne d’après le rapport qu’elle entretient avec les animaux. Gandhi a dit : « On peut juger de la grandeur d'une nation par la façon dont les animaux y sont traités ». Je ne suis donc pas très originale, mais c’est profondément ce que je pense. Les relations qui nous unissent aux animaux sont à la fois universelles et représentatives de notre personnalité. Simone de Beauvoir avait une relation complexe avec le monde qui l’entourait, comme avec les chats. Nelson Algren a, tout au long de sa vie, défendu les plus déshérités, et considérait que s’il devait se serrer la ceinture pour nourrir ses chats… il ferait sans hésiter ! C’est cette communion qui me fascine, dans les personnages ayant existé, comme dans les personnages que j’invente.

F30MA : Quelques jours après la remise du Prix Littéraire 30 Millions d’Amis à Agnès Desarthe*, quel est votre sentiment ?
I. F. : Je suis extrêmement fière de ce choix, car je considère « Une partie de chasse » (Ed. de l’Olivier ») comme un excellent roman. C’est tout à l’honneur des membres du jury du Prix Littéraire 30 Millions d’Amis - auquel j’ai la chance d’appartenir - d’avoir sélectionné cet ouvrage à la fois drôle et bouleversant. Agnès Desarthe est une romancière pleine de talent et dotée de grande qualités littéraires, qui trace son sillon avec patience et brio ; j’encourage toutes les personnes à lire cet ouvrage, qui est par ailleurs très accessible !

F30MA : Vous-même, vivez-vous avec des animaux ?
I. F. : J’ai eu une chatte nommée Queenie pendant 18 ans. C’était un amour de chat, d’une intelligence incroyable, très tendre... ce qui ne l’empêchait pas de ramener des oiseaux et des lapins de Garenne, car elle n’en oubliait pas moins son instinct ! Lorsqu’elle est tombée malade, j’ai pris soin d’elle du mieux que j’ai pu... et dans ses yeux, je pouvais lire toute sa reconnaissance. Cela m’a bouleversée,  et je n’ai jamais pu la remplacer. Et puis, mon mari et moi-même voyageons beaucoup, et nous ne voudrions pas rendre un animal malheureux par nos absences répétées. Lorsqu’on adopte un animal, il faut être capable de créer un lien fort et attentif, et ce lien, il faut le cultiver chaque jour.

« Beauvoir in love » d'Irène Frain Editions Michel Lafon *Agnès Desarthe a été désignée lauréate de cette 30e édition pour son ouvrage « Une partie de chasse » (Ed. de l'Olivier) Photos : © Irène Frain / Ed. Michel Lafon