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Incertitudes concernant la restauration de l'ours dans les Pyrénées

Le printemps correspond, pour de nombreux mammifères, à leur sortie d'hibernation ! C'est le cas des deux ourses Sorita et Claverina dans les Pyrénées (photo d'illustration). ©AdobeStock

Sortie d'hibernation, l'ourse Sorita a été observée dans le Béarn... mais sans ourson (20/03/2020). Tous les espoirs pour la sauvegarde de l'espèce - en danger critique d'extinction en France - se portent donc sur sa congénère Claverina qui devrait à son tour bientôt quitter sa tanière de l'autre côté des Pyrénées. Contactée par 30millionsdamis.fr, Sabine Matraire - coordinatrice ours de l'Association Ferus - a confié ses inquiétudes... et une once d'optimisme !

Sorita est sortie de son confinement ! Mais hélas pour la population d'ours dans les Pyrénées, l'ourse n'aura pas eu de petit cet hiver. Elle avait foulé le sol du Béarn le 5 octobre 2018, un jour après l'arrivée de sa consoeur Claverina. Toutes deux devaient rejoindre les deux ours mâles des Pyrénées Occidentales - Néré et Cannellito - pour assurer la sauvegarde du plantigrade sur ce territoire. Mais moins de deux ans plus tard, l'espèce ne peut toujours pas être considérée comme viable.

Des réintroductions quantitativement insuffisantes

Claverina, elle, pourrait néanmoins avoir donné naissance à des oursons cet hiver ! « Partie côté espagnol, elle n'a pas eu d'oursons en 2019. Or, les ourses mettent bas tous les deux ans environ. Il est donc possible qu'elle ait eu des petits cette année, espère Sabine Matraire, coordinatrice ours de Ferus. D'autant qu'elle est rentrée en tanière à la même période que Sorita l'an dernier, laquelle était ressortie avec deux oursons ». Claverina porterait ainsi l'espoir de voir enfin le début tant attendu de la restauration de l'ours en Pyrénées occidentales.

Pour autant, même si les Pyrénées comptent actuellement 52 ours (soit 10 fois plus qu'en 1995), la restauration d'une population pérenne est loin d'être atteinte : « Pour ce faire, il aurait fallu que l'Etat introduise a minima 4 femelles dans les Pyrénées Occidentales ainsi que 2 ourses dans les Pyrénées centrales », explique la vice-présidente de Ferus. Dans l'hypothèse haute, les scientifiques allaient même jusqu'à préconiser (un an avant la mort de l'ourse Cannelle !) le lâcher de « dix femelles et cinq mâles » côté Béarn et « cinq femelles » côté Ariège et Haute-Garonne (Muséum National d'Histoire Naturelle, septembre 2013)

Risque de consanguinité et d'infanticides

 

La population ursine n'est pas durablement sauvée.

Sabine Matraire - Ferus

« Même dans les Pyrénées centrales, où la grande majorité des ours se concentre - 36 individus en 2018 - la population n'est pas durablement sauvée, déplore S. Matraire. Et ce, malgré la naissance de 10 oursons en 2019 ». La raison ? « Un trop gros risque de consanguinité », confie à France Info Alain Reynès, directeur de l'Association Pays de l'Ours - Adet (01/2020). En effet, la plupart des oursons nés ces dernières années, bien qu'issus de mères différentes, ont souvent le même père (Pyros), les deux autres plantigrades réintroduits ne s'étant pas reproduits. Le risque de consanguinité est d'autant plus prégnant depuis la récente découverte de la dépouille de l'ours Cachou (09/04/2020) qui présentait des gènes éloignés de la plupart des autres ours slovènes. La réintroduction d'ours mâles permettrait donc d'apporter une diversité génétique, indispensable à la survie de l'espèce. « Il faudra atteindre un effectif de 50 ours reproducteurs, avec une bonne diversité génétique, comme annoncé dans le Plan-Ours 2018-2028, affirment les associations Ferus et Pays de l'Ours-Adet. Mais l'Etat semble l'avoir déjà oublié » (24/04/2020).

Certes, depuis deux ans, le déplacement de certains mâles à travers les deux cœurs historiques de présence de l'ours révèle un certain optimisme quant au maintien de la population ursine. Mais les mâles auraient tendance à tuer les oursons, qu'ils en soient les pères (l'infanticide est assez courant chez les ours) ou - et c'est un phénomène nouveau - de simples congénères. En témoigne les atteintes mortelles en 2019 aux deux petits de Sorita, qui était déjà « pleine » lorsqu'elle est arrivée en France. 

Des tensions progressivement apaisées

L'opinion publique est majoritairement favorable à la restauration de la population des ours dans les Pyrénées. Non seulement, 84 % des Français soutiennent la présence du plantigrade dans cette zone (Sondage Ifop, mars 2018), mais de surcroît, 95% d'entre eux s'opposent aux mesures d'effarouchement de l'ours (Consultation publique, mai 2019).

 

 L'opposition vient essentiellement du monde agricole qui relance la polémique à chaque lâcher.

S. Matraire - Ferus

Les chasseurs et les éleveurs eux-mêmes semblent progressivement enclins à cohabiter avec l'ours. « En réalité, l'opposition vient essentiellement du monde agricole qui relance la polémique à chaque lâcher, comme en 2018, confie S. Matraire. Mais la pression retombe généralement deux ou trois années plus tard ». Parce que les Pyrénées occidentales constituent un berceau historique de la population ursine en France, les bergers ont toujours eu recours à des moyens efficaces pour protéger leurs troupeaux (gardiennage, chiens de protection...). « Une seule » brebis aurait ainsi été tuée depuis la réintroduction des deux femelles. « Une partie des éleveurs sera toujours opposé, par principe, à la présence de l'ours. Mais le climat est actuellement apaisé », rassure la représentante de Ferus.

En juillet 2019, la Fondation 30 Millions d'Amis avait fustigé les mesures d'effarouchement - tirs de balles en caoutchouc - prévues à titre expérimental par l'arrêté du 27 juin 2019 pour éloigner les ours des troupeaux. Au même moment, le gouvernement annonçait qu'il n'y aurait pas de nouvelle réintroduction d'ours dans les Pyrénées... nonobstant l'obligation - instituée par la Directive européenne « Habitat » - d'y restaurer une population viable. A l'aune des dernières constatations, l'Etat serait bien inspiré d'agir en conséquence...

Commenter

  1. nanou2017 29/04/2020 à 11:58:11

    Je ne vois pas du tout l'inérêt de réintroduire les ours dans la nature en france parce que s'ils servent de cibles aux d****** mentaux avinés que sont les chasseurs, c'est encore de la souffrance animale pour rien

  2. AnneV 03/04/2020 à 19:26:01

    Si l'on attend de ce gouvernement qu'il fasse le nécessaire pour intoduire qui que ce soit de sauvage dans la nature, je crois qu'on rêve !!! Il "réintroduiront" des chasseurs histoire de préserver un électorat défaillant et éradiquer tout ce qui pourrait nuire à l'élevage ou au "bien être" des accros aux arbres en plastique ! Macron dégagé, tout pourrait être possible, en attendant, avalons notre désespérance.......