Ces scènes d'amitié avec des cochons montrent l'extrême sensibilité de ces animaux. ©Fondation 30 Millions d'Amis

Fascinées par leurs comportements, la neuroscientifique Lori Marino et sa collègue Christiana M. Colvin ont répertorié des études consacrées à l’intelligence des cochons. Ces animaux font preuve d’une excellente mémoire, y compris à long terme, qu’il s’agisse d’objets, de lieux, d’odeurs ou d’autres individus, congénères ou humains. Leur aptitude à répondre à nos ordres repose sur leur fine compréhension du langage symbolique, à l’instar des dauphins et des grands singes. Ne dit-on pas que « quand le sage pointe la lune, l’idiot regarde le doigt » ? Le cochon, lui, comprend qu’il faut se diriger dans la direction indiquée ! Plus amusant encore, les porcs se montrent plus doués que les chiens pour manipuler un joystick afin de toucher une cible à l’écran, en utilisant leur groin.

Les cochons prennent soin les uns des autres… prenons soin d’eux !

Lorsqu’ils sont placés dans des conditions qui leur permettent d’exprimer leurs comportements naturels, les cochons tissent de puissants liens sociaux avec leurs congénères. Les mères construisent des « nids » pour leurs petits, leur apprenant à fouiller le sol à la recherche de nourriture. Pour communiquer entre eux, ils utilisent une grande variété de cris, de gestes et de postures, s’avérant même capables de se mettre à la place d’autrui. Une « prise de perspective » qui leur permet de s’entre-aider, mais aussi de tromper d’éventuels concurrents. Au cours d’une expérience, un cochon sachant déjà où est caché un seau de nourriture, une fois mis en présence d’un mâle dominant « naïf », va guider celui-ci… vers un lieu quelconque, avant de se précipiter, seul, vers la cachette !

A la base de ce qu’on appelle « empathie », la « contagion émotionnelle » (ressentir une émotion lorsqu’on est témoin que l’autre la ressent) se manifeste chez les cochons bien traités, capables d’altruisme. Dans les élevages industriels en revanche, la promiscuité et l’enfermement causent à la fois stress et ennui, au point que les porcs en viennent… à s’entre-dévorer ! Et ce, même lorsque leur queue a été coupée et leurs dents meulées, des pratiques mutilantes et douloureuses censées éviter le cannibalisme. C’est en tout cas ce que montre la nouvelle enquête de l’association L214 dans une ferme-usine du Finistère, qui engraisse plusieurs milliers de cochons chaque année.